Émeutes au Tibet. Manifestations contre les Jeux olympiques de Pékin par des Tibétains dans tous les continents. Accusations du gouvernement chinois contre le dalaï-lama. Survol d’une relation houleuse, mais pas toujours acrimonieuse.
Le Tibet a été séparé depuis 1959 en plusieurs provinces par les autorités chinoises. Les politiques de Pékin et des gouverneurs provinciaux déterminent la gestion des populations tibétaines, des ressources locales et du développement culturel, social et économique.
Ces territoires tibétains ont été acquis par la force dans les années 1950. Après avoir passé dix ans sous la terreur de la Révolution culturelle (1966-1976), le Pays des neiges est lentement sorti de l’occupation militaire. Une période de reconstruction économique a suivi. En même temps, la liberté de religion a été permise au milieu des années 1980. Mais vers la fin de cette décennie, des émeutes, principalement menées par des moines et des nonnes de la secte du dalaï-lama, ont surpris les autorités chinoises qui ont réagi en stationnant des troupes en permanence. Lors des récentes manifestations au Tibet contre l’autorité répressive chinoise et les Jeux olympiques, les institutions monastiques bouddhistes étaient au cœur de l’action.
La carotte et le bâton
La Chine investit au Tibet non seulement pour des raisons économiques — notamment l’extraction de richesses naturelles — mais aussi pour des raisons politiques. Ainsi, le gouvernement chinois raffermit son autorité et sa légitimité sur ces territoires de manière concrète, comme avec la construction du chemin de fer qui relie Pékin à Lhassa, capitale du Tibet.
Depuis les années 1990, les efforts de développement, qui incluent de nombreux partenariats avec des sociétés étrangères (plusieurs sont canadiennes), ont pourvu les Tibétains d’infrastructures (routes carrossables, barrages hydroélectriques, communications et autres) qui jusque-là n’avaient jamais existé. Ces efforts n’ont pas été seulement entrepris par le gouvernement central et des sociétés étrangères : un grand nombre de particuliers chinois et tibétains y sont aussi engagés. Plusieurs entrepreneurs tibétains en ont grandement profité (contrairement aux dires de critiques de la question tibétaine), surtout dans les régions le long des anciennes frontières sino-tibétaines ou le long des artères menant aux territoires chinois.
Influence du Tibet
Depuis la fin des années 1990, les Chinois sont amoureux du Tibet. Les radios et les télévisions d’État ne cessent de diffuser des séries télévisées, des spectacles de toutes sortes ainsi que des documentaires à l’eau de rose. Des chanteurs tibétains sont devenus très populaires à travers le pays et l’ouverture du Tibet au tourisme a créé un essor économique et culturel sans précédent. Un grand nombre de Chinois des classes riches et moyennes, en expansion, sont conquis par la mystique du Tibet. Ils y vont pour trouver des maîtres spirituels tibétains. Il n’est plus rare maintenant de voir des lamas tibétains dans les grandes villes de la Chine qui dispensent leurs enseignements spirituels à des disciples chinois ou qui font des affaires pour leurs monastères. Plusieurs temples ont été reconstruits grâce à des fonds fournis par ces nouveaux disciples. À la tête des préfectures majoritairement tibétaines, on ne retrouve pas des Chinois placés par Pékin mais, la plupart du temps, des Tibétains natifs de ces régions qui les administrent.
La répression demeure toutefois bien présente au Tibet. Pour maintenir sa mainmise, le gouvernement chinois n’hésite pas — comme partout ailleurs au pays — à utiliser la force et les séances d’endoctrinement idéologique. Les cas documentés de torture et d’abus dans les prisons chinoises sont nombreux et le Tibet ne fait pas exception. Ceux qui ont l’audace de contester l’autorité ou de sympathiser avec le mouvement indépendantiste tibétain sont emprisonnés.