Un jour, j’entendais mes voisins dire des trucs transphobes à mon égard. Tanné de les entendre m’insulter au travers des murs, j’ai lancé leurs souliers dans la rue, je suis monté chez moi et j’ai mis de la musique à 20h le soir pour les enterrer et ne plus les entendre.
Ils ont appelé la police et raconté des menteries sur moi comme quoi je faisais tout le temps du bruit (c’était la première fois que je montais le son de ma TV pour enterrer leur voix). Les policiers sont arrivés après que j’aie éteint la TV. Le hic, c’est que je me préparais pour me coucher, alors j’avais gobé mon Séroquel.
Lorsque j’ai entendu la conversation entre le voisin et les policiers, j’étais tellement insulté, que j’ai invité les policiers chez moi pour parler de la situation. J’avais totalement oublié que j’avais mes seringues de testo sur ma table. J’avais également oublié les souliers des voisins.
Les policiers ont commencé à devenir agressifs au moment qu’ils ont vu mes seringues sur ma table. Je leur expliquais que c’est pour mes injections de testo… ils semblaient pas me croire. Ils m’ont alors demandé où étaient les souliers des voisins. J’étais tellement stressé que je leur ai dit que je les avais lancés dehors. Alors ils m’ont dit de descendre avec eux aller les chercher. Je les ai suivis.
Lorsqu’on était au premier étage, le voisin en question m’a regardé avec une face de « nanananère » en riant de moi, avec un regard moqueur. J’étais tellement fâché et humilié. Alors j’ai retourné un regard perçant.
En une fraction de seconde, je me retrouve par terre, une policière par-dessus moi et l’autre en position « je vais dégainer mon arme sur toi », main où normalement il y a un gun. Je sens du sang couler de mon front. Je vois le policier prêt à tirer sur moi. Je panique alors j’essaie de me défaire de la policière, résultat, je lui brise un doigt pour qu’elle me lâche (à ce moment je sais même pas pour quel motif on m’arrête).
Le policier prêt à « dégainer »…. bah… je me retourne vers lui et je vois qu’il n’est pas armé! Là je me dis dans ma tête « fuck, j’viens de briser le doigt d’une policière ». Alors j’essaie de coopérer encore. Mais il est trop tard. Ils me lancent en bas des escaliers, face contre la porte.
En une fraction de seconde, ils ouvrent la porte et me traînent en face de plusieurs voitures de police. Il y en avait au moins 4 voitures. Ils m’amènent à la plus proche. Et c’est pu les mêmes policiers.
Là, il y a un policier qui m’écarte les jambes et me fouille les poches. Il me dit clairement : « tu sais c’est quoi qu’on fait aux gens qui s’attaquent à la police? Toi tu vas te faire violer en prison. » Comme je n’ai pas la langue dans ma poche, je lui ai rétorqué qu’il aimerait trop ça. (J’ai fait exprès de dire ça pour l’attaquer dans sa masculinité.) Il était tellement fâché, il a tenté de plaquer ma tête à 3 reprises sur le capot de la voiture. Sans succès.
Alors ils se sont mis à deux pour me rentrer dans la voiture de police. Ils m’ont fait rentrer comme si j’étais un espèce de rouleau de sushi, en me lançant dedans avec toute leur force. Dans ce temps-là, je portais une prothèse pénienne (communément appelée un packer, dans ma communauté). Mon packer s’est retrouvé à mes genoux. J’essaie alors de le replacer dans mes boxeurs. Je réussis de peine et de misère, ayant les menottes à mes mains.
Tout d’un coup, le policier se met à crier que j’ai de la drogue dans mes pantalons, car il a remarqué que je replaçais mon packer dans mes boxeurs. Et puis là, il se met à me fouiller. Je suis couché sur la banquette. Le policier met ses mains sous mon chandail et me touche les seins avec un regard pervers. Il réalise que j’ai rien et moi je lui dis : « je replaçais mon pénis. » J’ai même pas eu le temps d’expliquer le reste de ma phrase… il ferme la porte.
Rendu au poste de police, ils me mettent dans la cellule pour hommes pendant la nuit au complet, avec un autre détenu latino… un latino qui haït les femmes. Je fais semblant d’être d’accord avec lui et je m’endors sur la banquette de la cellule. Et je n’ai toujours pas appelé un avocat.
Lorsqu’ils prennent mes empreintes le lendemain, ils me demandent si j’ai parlé à un avocat. Je leur dis que non. Je parle à un avocat… l’avocat m’écoute même pas et comprend pas ce que je viens de vivre. Ils me font monter dans un camion avec plein d’autres hommes pour m’amener au Centre Opérationnel Nord. Ils me remettent du côté des hommes. Tout se passe « bien » jusqu’à ce que je me rende compte que les fouilles à nues du côté des hommes sont faites en groupe d’hommes, devant les autres hommes.
Alors je me mets à paniquer. Je ne peux pas me faire fouiller devant les autres… alors je proteste et m’obstine pendant 30 minutes avec les agents du centre opérationnel. Ils ne me croient toujours pas. Je m’énerve. Ils finissent par accepter d’amener des agentes femmes. Je baisse mes pantalons et tout le monde est stupéfait. Ça passe des commentaires comme quoi c’est bien réussi, bla bla bla… Ensuite on me fait la fouille à nu tout seul. Tout se passe bien…
Sauf que là je réalise qu’ils me mettent du côté des femmes… J’entends des femmes crier comme quoi elles ont peur de moi. Les agentes leur disent que j’ai un vagin… Voilà… maintenant je me retrouve au milieu de pleines femmes, avec des vitres où les gars peuvent regarder au travers et me voir au milieu de toutes les femmes qui se sont fait mettre dans la même cellule.
Je lance en joke pour détendre l’atmosphère avec les femmes en disant : « checkez ben ça, le prochain gars qui va me voir va dire que j’suis chanceux d’être de ce côté-là » ! Les femmes se mettent à rire! Moi aussi.
Sauf qu’avec le recul, je réalise que ce genre de situation serait jamais arrivé si j’avais pas invité les policiers chez moi. Je réalise à quel point c’était violent. J’ai encore trop honte pour le raconter à ma mère. Heureusement, j’ai réussi à avoir une deuxième absolution. Et surtout, je regrette de ne pas avoir porté plainte. J’avais pas l’énergie de porter plainte…