Le budget 2022 du Québec en quelques grandes lignes

Date : 1 avril 2022
| Chroniqueur.es : Alexandre Tessier
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C’est sous couvert de lutte contre l’inflation que le ministre de l’Économie Éric Girard a dévoilé, aux côtés du premier ministre François Legault, le nouveau budget 2022-2023 du gouvernement. Il s’agit du dernier budget présenté à la population avant les élections générales d’octobre prochain.

Organismes et communautaire

Le gouvernement augmentera de 30 % le soutien financier aux organismes communautaires sur cinq ans : un total de 149M $ sera alloué pour lutter principalement contre les féminicides et les victimes de violences sexuelles et conjugales. Québec reconnaît avoir pris conscience d’un besoin criant dans ces domaines, notamment en raison de la pandémie. Le gouvernement espère que ces sommes permettront le financement de nouveaux projets sensibilisateurs et couvriront une partie des frais des organismes liés aux salaires, aux loyers et aux frais de téléphonie et d’Internet. Des fonds sont également débloqués pour la création d’organismes œuvrant dans la défense des droits, l’immigration et les services aux jeunes anglophones. Au total, environ 5000 organismes communautaires se partageront les sommes libérées par le budget. 

Le ministre Girard a déclaré : « Le gouvernement reconnaît l’apport des organismes communautaires, qui sont des acteurs centraux de la vitalité sociale et économique du Québec. Nous voulons leur donner les moyens de renforcer leur action pour aider un plus grand nombre de Québécois. Parallèlement, nous investissons des sommes importantes pour bonifier le soutien à différentes collectivités et mettre en place de nouvelles initiatives gouvernementales, dont la Stratégie gouvernementale intégrée pour contrer les violences sexuelles, la violence conjugale et rebâtir la confiance. » La réponse des organismes communautaires est attendue dans les jours qui suivent, mais quelques-uns ont déjà dénoncé un budget manquant d’ambition et assez peu impressionnant. Caroline Toupin, coordonnatrice du Réseau québécois de l’action communautaire autonome, s’attendait quant à elle à « plus de reconnaissance », bien qu’elle souligne « les efforts du ministre ainsi que de toute son équipe ». Elle se dit empressée de collaborer avec le cabinet ministériel pour atteindre les objectifs fixés par les organismes en matière de financement.

500 $ contre l’inflation 

Éric Girard l’avait déjà mentionné, une des plus grandes priorités du gouvernement est d’aider les contribuables à affronter la hausse du coût de la vie, qui se répercute notamment sur le panier d’épicerie, sur le plein d’essence et sur le logement. Pour ce faire, un crédit d’impôt de 500 $ ponctuel sera octroyé à chaque personne ayant gagné moins de 100 000 $, ce qui correspond à 6,4 millions de citoyen.ne.s. À ce sujet, le ministre, critiqué par les oppositions qui souhaitent des changements structurels, se défend de présenter une mesure électoraliste.

Culture et tourisme 

Les industries culturelles et touristiques ont été parmi les plus durement frappées par la pandémie de COVID-19. Pour la culture, le budget prévoit 72M $ supplémentaires dès cette année pour pallier les difficultés occasionnées par la crise sanitaire, tandis que l’industrie touristique obtiendra 250M $ de soutien échelonné sur six ans. L’objectif est clair : prolonger un certain nombre de mesures de soutien déjà existantes, stimuler l’investissement et soutenir les artistes et les travailleurs culturels.        

Environnement 

Tout d’abord, le gouvernement injectera un milliard supplémentaire pour soutenir le Plan pour une économie verte, qui a pour vocation la diminution des gaz à effet de serre (GES). Cette somme conduira à la présentation d’un nouveau plan de réduction des GES afin de lutter plus efficacement contre la crise climatique. En revanche, les rabais destinés à l’achat de véhicules électriques sont revus à la baisse, alors que le gouvernement souhaite voir 1,5M de voitures électriques sur les routes du Québec d’ici 2030. Par ailleurs, Québec investira 100M $ pour la recherche en matière d’hydrogène vert au fil des quatre prochaines années. L’opposition dénonce des mesures environnementales insuffisantes, voire incohérentes, alors que la députée solidaire Manon Massé fustige quant à elle un « budget irresponsable pour la crise climatique ».     

Une « refondation » du système de santé 

Pour le gouvernement, qui a vu le système de santé risquer l’effondrement aux moments forts de la pandémie, il n’est plus question de parler de réforme : une refondation s’impose. Les détails de cette refondation seront dévoilés sous peu, mais un budget de 5,2 milliards échelonné sur cinq ans sera accordé à ce projet. Les ministres Girard et Dubé souhaitent investir « dans les gens, dans les travailleurs, dans les infrastructures et dans les soins à domicile, notamment pour les personnes âgées ». Finalement, le gouvernement réitère sa demande que les transferts en santé de la part du fédéral soient considérablement augmentés, à l’instar de plusieurs autres gouvernements provinciaux. 

Éducation et enseignement supérieur    

Québec annonce des investissements de 2,8 milliards de dollars en éducation, dont 1,3 milliards seront consacrés à l’enseignement supérieur. En premier lieu, les programmes d’aide financière aux études supérieures seront bonifiés de 342M $ et les intérêts contractés sur les prêts étudiants sont encore éliminés pour une année. En second lieu, le gouvernement se donne comme principal objectif, en matière d’éducation, la réussite scolaire. Le budget prévoit des montants considérables pour favoriser la réussite des élèves autochtones et issus de l’immigration, tout en bonifiant le programme de tutorat. Cependant, Québec ne prévoit pas d’investissement supplémentaire pour pallier la hausse du nombre d’écoles en mauvais état, alors que près du tiers des écoles de la province sont concernées. 

Il sera intéressant de suivre la mise en œuvre du budget 2022-2023 afin de voir s’il parviendra à remplir les objectifs qu’il fixe. Si le ministre Girard martèle à qui veut bien l’entendre qu’il ne s’agit pas d’un budget électoraliste, mais il est indéniable que les investissements prévus dans ce dernier referont surface à l’occasion de la campagne électorale. Il s’agira néanmoins d’un bon moment pour la population et les organismes de juger des résultats préliminaires de l’action budgétaire gouvernementale d’ici octobre prochain. 

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