Le congrès des jeunes libéraux : de jeunes requins ou une jeunesse qui inquiète

1 août 2008

En début d’août, des centaines de jeunes de la Commission jeunesse du Parti libéral du Québec (PLQ) ont envahi le campus de l’Université de Sherbrooke pour la tenue de leur 26e congrès. Âgés de 16 à 25 ans, ils voulaient faire voir qu’ils n’avaient pas froid aux yeux en s’attaquant au « vieux » modèle de la société québécoise. Tout un programme, qui, à la lecture des propositions, a donné des sueurs froides à plusieurs observateurs étrangers au PLQ.

Perdre la boussole ou s’enfoncer à droite

La Commission jeunesse du PLQ n’y est pas allée avec le dos de la cuillère avec son lot de propositions : hausse des frais de scolarité, révision du modèle syndical, bilinguisme à l’âge de 12 ans, hausse des tarifs hydroélectriques, exportation de l’eau du Québec, réforme fiscale basée sur les taxes à la consommation et sur une réduction des impôts, etc.

La question de la hausse des frais de scolarité de manière à ramener la facture à la moyenne canadienne à 6 000 $, sans restreindre l’accessibilité aux études, ne tient pas la route. C’est faire fi de la situation précaire dans laquelle vivent plusieurs étudiants et étudiantes.
« Leur revenu moyen avant impôts est de 9 730 $ par année pour les hommes et de 8 762 $ par année pour les femmes. Selon Statistique Canada, il faut 11 221 $ à une personne seule pour couvrir ses besoins de base. » (Le Porte-Voix, AECS, automne 2007). Ce qu’on propose, c’est ni plus ni moins de tripler l’endettement des étudiants à la sortie du baccalauréat. Pourtant, le dégel des frais de scolarité amorcé par les libéraux de Jean Charest l’an dernier (50 $ par session jusqu’en 2012) fait encore mal à plusieurs.

Quelle mouche a piqué les jeunes libéraux pour qu’ils contestent jusqu’en congrès le modèle syndical québécois? Ils proposent l’imposition d’un vote secret par les travailleurs concernés lors des processus de grève ou d’accréditation syndicale, ainsi que la possibilité pour ces derniers de déposer une plainte auprès de la Commission des relations de travail et d’exiger un remboursement de cotisations ou un congé de cotisations équivalent.
C’est ignorer l’existence de telles mesures au niveau des plaintes et aussi vouloir ouvrir la porte à l’intimidation de la part des employeurs auprès des travailleurs qui auraient alors moins de temps pour réagir en pareil cas. Le président de la Commission jeunesse aurait avantage à ne pas prendre les vessies pour des lanternes lorsqu’il affirme qu’il faut « sortir du duel puéril patronat-syndicat ». Parlez-en aux grévistes du Roi du Coq rôti et à ceux des complexes hôteliers…

L’art de ramer ou comment suivre le courant

Comme toute bonne chose a une fin, le chef du Parti libéral, Jean Charest, a ralenti les ardeurs de ces jeunes radicaux à la clôture du congrès. Qu’importe! La porte est déjà ouverte à des hausses de frais de scolarité et, selon lui, un climat de « paix » syndicale règne auprès de ses « partenaires » du gouvernement. C’est une manière de passer sous silence la pauvreté des étudiants et des étudiantes ainsi que les lois adoptées sous bâillon en décembre 2005. Entrée Libre s’oppose à toute hausse de frais de scolarité et, au contraire, prône l’accès à un système d’éducation universel et gratuit.
Il en coûterait 500 millions $ annuellement pour assurer la gratuité scolaire. Les baisses d’impôt de 900 millions $ accordées durant ce deuxième mandat auraient couvert ce montant.
L’autre source de revenus serait une augmentation des impôts auprès des entreprises et de la taxe sur le capital : en 2005, le taux d’imposition des entreprises était de 8,9 % au Québec alors qu’il se situait à 14 % en Ontario! Il faudrait arrêter d’endormir la population avec les baisses d’impôt, puisque 42 % des gens n’en paient pas, n’ayant pas de revenu assez élevé.
Disons non aux idées de droite des jeunes libéraux et autres bien-pensants des valeurs néolibérales.

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