Le populisme décomplexé

Date : 8 décembre 2019
| Chroniqueur.es : Erwan Guéguéniat
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Si le populisme était encore il y a dix ou vingt ans un terme obscur utilisé pour railler les discours simplistes de certains politiciens, force est de constater que ce courant de pensée séduit dorénavant la majorité de la planète.

En effet, aujourd’hui, 2 milliards de terriens sont dirigés par un gouvernement populiste, contre 150 millions il y a vingt ans. Des États-Unis à la Russie, en passant par le Brésil, la Turquie et l’Inde, qui inquiète de plus en plus les observateurs, les plus grands États basculent les uns après les autres dans cette mouvance. Si l’on y rajoute des dictatures comme la Chine ou des pays ravagés par l’intégrisme religieux comme l’Arabie Saoudite, la liste des nations dites « démocratiques » s’amenuise d’année en année.

En France, le Front national a réussi à faire oublier une partie de son héritage fasciste et se présente maintenant comme l’alternative aux partis traditionnels. Il compte dorénavant dans ses rangs de nombreux anciens adversaires, déçus de la gauche, qui pensent avoir trouvé une nouvelle solution pour soutenir leur cause. Même l’Angleterre, pourtant riche de son histoire et terre d’accueil depuis des siècles se replie sur son île à travers le Brexit. Ainsi, la liste des pays qui sombrent dans le nationalisme risque encore de s’allonger dans le futur, car même la vieille Europe est secouée de soubresauts populistes et s’effrite lentement mais sûrement.

Les raisons de ce phénomène sont multiples: éclatement du bloc de l’Est, mondialisation sauvage, crainte de l’obscurantisme et du terrorisme, pauvreté… Dans les temps difficiles, les discours simplistes et victimaires touchent un plus grand auditoire, à l’image d’une Allemagne, écrasée par la dette exorbitante exigée par les vainqueurs de la Première Guerre et le krach de 1929, qui s’est laissé séduire par une rhétorique agressive et la promesse de lendemains meilleurs d’un certain Hitler. La promesse d’un « make Germany great again » en quelque sorte…

Au Canada, pour l’instant, les signes d’une dérive populiste sont encore peu nombreux, même si l’Ontario a élu un nouveau Ford en dépit de l’héritage de feu son frère à la mairie de Toronto. Et l’on constate aujourd’hui que la pomme n’est pas tombée loin du pommier. Au Québec aussi, il convient d’être très attentif aux relents nauséabonds de certains thèmes caquistes concernant l’immigration par exemple. On sent en effet chez Legault et sa garde rapprochée une tendance à chercher des coupables faciles à des problèmes complexes.

Ainsi, la réforme sur l’immigration et les universités a pour but de stigmatiser les étudiants étrangers d’un côté, de critiquer l’élitisme universitaire de l’autre et de faire plaisir aux dirigeants d’entreprises en gardant une main-d’œuvre bon marché, car moins éduquée. Et c’est bien là que le populisme atteint ses limites avec cette vision étriquée dont la portée ne s’étend pas au-delà du sondage du lendemain, puisque dans les faits, le Québec manque cruellement de travailleurs qualifiés. Cette loi risque donc de nuire à moyen et long terme à nos intérêts.

Enfin, pour résumer les vrais idéaux de cette mouvance, il suffit de décortiquer le discours du plus décomplexé de tous les présidents. On constate ainsi chez Trump, que populisme rime avec antiféminisme, anti journalisme, climatosceptisime, protectionnisme, racisme, sectarisme et ultralibéralisme… des consonances bien loin de la poésie à l’aube de 2020.majorée à un minimum de 35 semaines (actuellement 14 semaines).

Le Canada se doit de remettre en place une protection universelle contre le chômage qui ne créé pas d’exclu·e·s.

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