LE RAS-LE-BOL DU MILIEU CULTUREL

Date : 28 février 2022
| Chroniqueur.es : Marquise Lepage
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Vous ne le savez peut-être pas : les plus grands investisseurs dans l’art et la culture au Québec et au Canada ce sont les artistes eux-mêmes. Ils ne comptent pas les heures semaines, mois ou même années à travailler sur des œuvres avec des revenus de misère. Quand il y a revenu.  Les artistes, même si la plupart sont diplômés, gagnent souvent en bas du seuil de la pauvreté.  Depuis deux ans, c’est encore pire… 

Ce n’est pas un secret pour personne, durant cette pandémie qui n’en finit plus de finir, la plupart des humains qui ont une profession artistique ont eu du fil à retorde et sont dans des conditions précaires. Et c’est encore plus vrai dans les régions hors Montréal. J’ai besoin de plus de mes deux mains pour compter les artistes autour de moi qui sont déprimés ou en dépression. 

Plusieurs songent à abandonner leur art, à se convertir dans d’autres sphères d’activités ou à déclarer faillite. Par exemple, depuis deux ans maintenant, mon amie Ariane Deslions (artiste de l’année du CALQ en Estrie), musicienne et merveilleuse artiste en art de la scène, s’est fait annuler des dizaines de spectacles et de contrats sans compensation que sa petite compagnie accuse une perte nette de près de 200,000 $ ! Et toutes les aides gouvernementales actuelles-même celle transférée par notre députée Marie-Claude Bibeau, ne sont malheureusement pas accessibles à des compagnies comme la sienne (ou comme la mienne) puisque seulement les OBNL y ont droit.  Une fois de plus, l’argent ne se rendra pas dans les poches des artistes, mais dans celles des organismes déjà soutenus.

En plus, les artistes et artisans du milieu ont aussi dû jongler avec la grande contagiosité du célèbre Omicron, qui les ont privés (et continuent de les empêcher) de pouvoir travailler facilement avec leurs collègues puisque le télétravail n’est évidemment pas une option pour ce genre de métier!

La production cinématographique a aussi été durement frappée. Les maisons de productions qui ont osé commencer des tournages pendant la pandémie ont souvent été arrêtées pour cause d’éclosion de COVID. Pour plusieurs, ça s’est encore soldé avec des dizaines de milliers de dollars jetés à la fenêtre… Des producteurs de Bromont en ont fait l’expérience à leurs frais. Ils doivent maintenant se battre avec les compagnies d’assurances pour espérer que leurs pertes soient, au moins en partie, remboursées.  Bref, le climat n’est pas encore à la réjouissance chez les artistes estriens et les temps maussades ne semblent pas encore finis pour nous. 

La récente annonce d’un hub créatif, qui dit vouloir rejoindre plusieurs disciplines artistiques différentes, dans l’église Plymouth-Trinity au cœur de Sherbrooke, est réjouissante. 

Je n’ai pas plus de détail mais, toute bonne nouvelle au niveau culturel dans notre région mérite des applaudissements. Bravo aux personnes qui ont conçu le projet. Merci à notre nouvelle mairesse et à la Ville de Sherbrooke d’investir dans des lieux pour les artistes d’ici et dans l’offre culturelle à ses citoyens. Cela nous fait espérer que d’autres initiatives puissent voir le jour ici afin de faciliter la vie des artistes et la diffusion de leurs œuvres. Il est important, notamment, de recréer le lien avec le public tellement fragilisé depuis 2 ans. 

Collectivement, nous avons besoin de retrouver nos artistes et les artistes ont besoin de soutien pour se relever et continuer à nous émouvoir, nous faire rire, pleurer et réfléchir.

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