Les AmiEs de la terre aux audiences du BAPE

Date : 7 avril 2012
| Chroniqueur.es : André Nault
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Voici de larges extraits du mémoire présenté par les Amis de la terre de l’Estrie dans le cadre des audiences publiques sur le développement durable de l’exploitation des gaz de schistes.

Les AmiEs de la terre de l’Estrie sont un OBNL actif depuis 1987 dans les communautés de l’Estrie. Notre but premier est de promouvoir une société écologique sous toutes ses formes. […] Nous préconisons l’autonomie des communautés sous toutes ses formes et la venue d’un carburant qui pourrait nous rendre autonomes du côté énergétique serait certainement une avenue à regarder de près.

La grande difficulté que nous avons présentement est d’ordre intellectuel; le BAPE est là dans le but de créer une réflexion, de faire avancer notre connaissance sur le sujet et d’amener cette réflexion au ministre Arcand. Toutefois, M. Arcand s’est très bien exprimé sur le fait qu’il n’y aura pas de moratoire et cette position nous apparaît très ferme et arrêtée. Comment alors apporter de la nouvelle information au ministre dans un contexte semblable?

[…] Un bref survol des endroits à travers le monde où l’on en fait l’exploitation (Estonie, Colombie-Britannique, Nouveau-Brunswick, Nouveau-Mexique, Colorado, Wyoming, Texas, Pennsylvanie, etc.) prouve que l’industrie des gaz de schiste affecte la qualité de l’air et de l’eau potable. Nous avons donc les citoyens d’un côté et l’industrie de l’autre, celle-ci ne pouvant en aucun cas avouer la présence d’un quelconque problème, sous peine de se retrouver devant des poursuites de toutes sortes. D’un côté, la machine du déni, de l’autre, les nombreux impacts sur la vie des citoyens. Il y a vraiment un schisme, sans faire de jeux de mots, entre les exploitants et les citoyens.

[…]

L’industrie de l’exploitation des gaz de schiste utilise des millions de litres d’eau avec près de 50 tonnes de produits chimiques à chaque fragmentation, ce qui fait une concentration d’environ 5 ppm, concentration à ne pas négliger, alors que l’anovulant le plus prescrit en Amérique a une concentration sanguine de ,003 parties par milliard. Si un médicament est efficace à ce point devrait-on s’inquiéter de voir les compagnies minimiser la concentration des produits chimiques dans l’eau?

Regardons d’abord les orientations de la loi sur la protection de l’environnement. Il est intéressant de constater la sagesse qui soutient ces orientations […] :

–     Informer, sensibiliser, éduquer, innover

–     Réduire et gérer les risques pour améliorer la santé, la sécurité et l’environnement

–     Produire et consommer de façon responsable

–     Répondre aux changements démographiques

–     Aménager et développer le territoire de façon durable et intégrée

–     Sauvegarder et partager le patrimoine collectif

–     Favoriser la participation à la vie collective

–     Prévenir et réduire les inégalités sociales et économiques

[…]

Nous avons par ces orientations et cet énoncé, tous les éléments qui exigeraient un moratoire sur l’exploitation de ces gaz, mais notre ministre Arcand nous dit que le moratoire n’est pas possible et que la loi sur le « free mining » va s’appliquer sans changements majeurs, sachant que cette loi date de 1880 […].

Seulement sur la base des 16 principes de la loi sur le développement durable, le ministre Arcand aurait dû mettre pied à terre et mettre de l’avant cette loi votée à l’unanimité à l’Assemblée nationale. Mais encore une fois, nous nous retrouvons devant une mer de mots dans un désert d’actions et après cela notre classe politique se demande pourquoi il y a un désintéressement de la part de la population.

Nos plus grandes richesses sont l’eau et l’air, deux éléments tout à fait irremplaçables. Pendant ce temps, nous ferons l’exploitation de ces gaz sans même savoir où nos nappes phréatiques se retrouveront. C’est à ce niveau que la recherche doit se faire, avant même de penser à l’exploration et l’exploitation. Nos moyens de situer nos nappes existent, utilisons-les pour connaître les interactions qui peuvent exister entre elles et ainsi nous pourrons protéger cette ressource irremplaçable. Pour nous, ce n’est plus une question d’évaluation du risque, mais une gestion adéquate des risques

PROTÉGEZ NOTRE EAU est le message que nos élus doivent comprendre. Si le citoyen ne peut plaider l’ignorance devant la loi, qu’en est-il de nos politiciens ?

L’auteur est président des AmiEs de la terre de l’Estrie.

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