Les troubles alimentaires, un trouble de santé mentale peu connu…

Date : 17 octobre 2012
| Chroniqueur.es : Jeane-Èva Dupuis
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Au Québec, 22,9% des gens vivraient avec une détresse psychologique, selon l’Institut de la statistique du Québec (ISQ).

Vivre de la détresse psychologique, c’est côtoyer au quotidien le stress, l’anxiété et des sentiments comme la tristesse et la colère. C’est aussi vivre de l’isolement, car il n’est pas facile pour tous de parler et de s’ouvrir sur ce que l’on vit, surtout lorsque c’est de santé mentale dont il est question. Parler de détresse psychologique, c’est aussi parler des 40 % de femmes âgées entre 15 et 24 ans qui en vivent quotidiennement : un pourcentage évocateur. C’est aussi cette tranche d’âge qui est alarmante lorsque l’on parle de la pression reliée à l’image corporelle, un sujet qui concerne énormément de femmes.

L’image corporelle est la perception que l’on a de son corps et la perception que l’on croit que les autres ont de celui-ci. Une image corporelle saine est une perception réelle et positive de notre corps, alors qu’une image corporelle négative est une perception erronée de comment les autres perçoivent notre corps et de comment nous le percevons. Trop gros ou trop maigre, lorsqu’il est question d’insatisfaction corporelle, il est souvent question de poids. Une image corporelle négative peut mener à la détresse psychologique et à des troubles de santé mentale. En effet, une baisse de l’estime de soi, un risque accru de développer des troubles du comportement alimentaire et même de souffrir de dépression et de troubles anxieux sont associés à une préoccupation excessive à l’égard du poids. Dans une société dans laquelle la minceur, la jeunesse et la bonne forme physique sont des idéaux de beauté, le terrain est propice pour le développement des troubles du comportement alimentaires. L’anorexie, la boulimie et l’hyperphagie sont des troubles mentaux encore difficiles à comprendre pour bien des gens. Voici donc les définitions de ces trois troubles.

L’anorexie

L’anorexie est un trouble qui se caractérise par des restrictions alimentaires qui amènent souvent la personne à se rendre à un poids inférieur à celui de son poids naturel. La personne anorexique a une si grande phobie de la nourriture qu’elle tente d’éviter celle-ci. La personne anorexique peut aussi développer un comportement incluant des orgies alimentaires, donc une grande ingestion de nourriture à la suite d’une grande privation, qu’elle va ensuite purger de différentes façons comme les laxatifs ou les vomissements, par exemple.

Boulimie

La boulimie est un trouble alimentaire dans lequel la personne qui en souffre a des rages alimentaires incontrôlables, alors qu’elle ingère une très grande quantité de nourriture, souvent très rapidement et à la suite de grandes périodes de restrictions alimentaires. La personne a ensuite ce que l’on appelle des gestes compensatoires, soit la restriction alimentaire, l’utilisation de laxatifs, le surentraînement ou le vomissement dans le but de perdre du poids. Ces comportements sont associés à la phobie de prendre du poids, mais aussi à des sentiments de honte et de mal-être physique et mental.

L’hyperphagie

L’hyperphagie se caractérise par des rages alimentaires dans lesquelles il y a absorption d’une grande quantité de nourriture dans un court laps de temps. La personne a alors l’impression de perdre le contrôle et ne peut s’arrêter de manger. Par contre, contrairement à la boulimie, une personne hyperphagique n’utilise pas de comportements compensatoires de contrôle du poids comme l’exercice physique intense, le vomissement ou les médicaments amaigrissants. L’hyperphagie est une maladie encore peu connue, mais les conséquences psychologiques et physiques sont aussi néfastes que ceux de l’anorexie ou de la boulimie, et ne doit donc pas être négligée.

Proches aidants

Pour les proches, il peut être difficile de savoir comment agir avec ces personnes qui nous sont chères. Vivre avec une personne qui présente un trouble du comportement alimentaire est très difficile émotionnellement et peut amener à ressentir énormément de culpabilité et d’impuissance. La meilleure façon d’aider un proche qui vit avec un trouble du comportement alimentaire est de s’informer sur ce qu’il vit pour mieux comprendre les émotions ressenties par celui-ci. Il est parfois difficile de comprendre qu’une personne éprouve autant de problèmes avec la nourriture, mais il faut savoir que les troubles alimentaires sont un symptôme qu’un autre aspect dans la vie de la personne est souffrant. Le trouble alimentaire sert alors de bouée de sauvetage; c’est la façon qu’a trouvée la personne qui souffre de continuer à fonctionner dans sa vie. Comme on ne peut enlever l’alcool à une personne qui souffre d’alcoolisme, on ne peut enlever d’un seul coup le trouble alimentaire à une personne qui souffre d’un trouble du comportement alimentaire : on ne peut lui enlever sa façon de survivre. Il faut savoir que de forcer une personne à manger ne règle pas le problème et est source d’une très grande anxiété. Le trouble alimentaire est une phobie de prendre du poids et c’est de confronter la personne à sa plus grande phobie que de la forcer à manger.

Besoin d’aide?

Le Centre de santé des femmes de l’Estrie, en lien avec l’organisme ANEB Québec (Anorexie et Boulimie Québec), offre des groupes de soutien ouverts (sans inscription ni obligation de présence) pour les personnes (hommes et femmes) de 17 ans et plus, qui souffrent d’un trouble du comportement alimentaire, en alternance avec leurs proches. Il offre aussi des rencontres individuelles à ceux qui en manifestent le besoin, ainsi que des groupes fermés de type thérapie. Pour information ou soutien : 819 564-7885 et 1-800-630- 0907, ligne d’écoute sans frais d’ANEB Québec.

L’auteure est intervenante au Centre de santé des femmes de l’Estrie.

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