L’invisibilité des enjeux féministes locaux

Date : 12 mars 2017
| Chroniqueur.es : Marie-Danielle Larocque
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Sherbrooke sera le théâtre d’élections municipales en novembre 2017;  les partis politiques s’activent déjà à recruter des candidatures et à réfléchir à une plate-forme électorale. Un questionnaire a été mis en ligne dans l’optique d’exiger des engagements clairs par les personnes candidates, celles actuellement élues et les partis politiques municipaux. Il s’agit d’une démarche citoyenne face aux enjeux féministes locaux, trop souvent laissés de côté dans la joute électorale.

N’ayant pas la prétention de représenter l’ensemble de la population, le questionnaire a tout de même permis de récolter plusieurs propositions nécessaires, actuelles et pertinentes. Les préoccupations touchant à la sécurité, la parité, l’équité salariale, la représentativité et la rédaction épicène sont revenues le plus souvent. D’ailleurs, la grande majorité des répondant.e.s considèrent que le conseil municipal actuel ne représente pas les intérêts des femmes, que Sherbrooke n’est pas une ville féministe (et que si elle l’est, c’est à cause de ses militant.e.s) et que les enjeux féministes locaux ont été pratiquement absents de l’actualité lors du dernier mandat. On se demande ce qui a été évalué pour déterminer que Sherbrooke était dans le top 10 des meilleures villes canadiennes pour les femmes…

Voici quelques propositions et revendications récoltées (liste non exhaustive, sans ordre établi).

—Adopter une Politique d’égalité.

—Augmenter la visibilité et l’aide financière accordée aux organismes venant en aide aux femmes.

—Permettre aux gens d’indiquer leur genre et non leur sexe dans les formulaires municipaux.

—Implanter un comité consultatif Femmes et ville en s’assurant de la représentativité et de la diversité des citoyennes y siégeant.

—Offrir des bourses de la Ville pour celles qui entreprennent ou poursuivent des études féministes.

—Adopter une Politique de rédaction épicène (non sexiste) pour l’ensemble des communications, tant à l’interne qu’à l’externe.

—Proposer un nombre égal de candidat.e.s aux élections (pour les partis).

—Élaborer des campagnes sherbrookoises d’information pour contrer les discriminations et violences fondées sur le genre, l’expression de genre et l’orientation sexuelle.

—Afficher les postes et fonctions de manière non genrée.

—Effectuer une recherche approfondie sur la condition des femmes immigrantes, selon le type d’immigration, à Sherbrooke.

—Apporter des changements au site web de la ville selon l’écriture épicène et créer un onglet «femmes».

—Offrir gratuitement la location de salles de rencontre pour l’organisation citoyenne.

—Réglementer les publicités à caractère sexiste dans les endroits publics.

—S’assurer de la parité dans l’ensemble des comités consultatifs ou de travail et les autres instances décisionnelles.

—Régler la question de l’équité salariale au niveau des employé.e.s de la Ville.

—Faire la parité des toponymes.

—Promouvoir la règle selon laquelle une personne peut demander un arrêt entre deux arrêts prévus après 21h pour des raisons de sécurité.

—Soutenir l’implantation de refuges exclusivement pour les femmes itinérantes ou à risque d’itinérance.

—Offrir des toilettes non genrées.

—Intégrer l’analyse différenciée selon le sexe (ADS) dans le plan de développement.

—Inclure la parole des femmes dans tous les événements publics.

—Offrir une meilleure organisation du transport en commun en tenant compte des réalités des femmes (poussettes, jeunes enfants, femmes âgées, horaires soirs et fins de semaine, déneigement rapide autour des arrêts d’autobus, etc.).

—Prendre en considération les besoins des femmes dans l’aménagement du territoire.

—Sensibiliser davantage au harcèlement en milieu de travail et dans les milieux étudiants.

—Inclure l’égalité entre les genres comme valeur principale dans la Charte de la Ville.

—Prévenir davantage les agressions à caractère sexuel (augmenter la formation du corps policier, augmenter le nombre de lumières de rue, sensibiliser au consentement).

—Évaluer l’ensemble des enjeux précédemment nommés dans une perspective d’intersectionnalité.

—Développer une charte d’engagement de respect de l’égalité entre les genres quant à la promotion d’événements publics (pour les bars, notamment).

—Organiser un débat sur les enjeux féministes locaux pendant la campagne électorale.

Ce ne sont que quelques propositions récoltées bénévolement à partir d’un questionnaire à petite échelle. Imaginez toutes les préoccupations et propositions qu’il serait possible de répertorier en consultant réellement les premières concernées, en adoptant un plan d’action concret et en y rattachant un financement? Sherbrooke pourrait se péter les bretelles en matière d’égalité entre les genres. En attendant, #MonSherbrookeMâle reste encore malheureusement trop d’actualité.

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