Pas de réseaux

Date : 20 janvier 2022
| Chroniqueur.es : Martin Lemelin
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photo antenne

Soyons brillants, éteignons nos écrans, ces mangeurs d’humanité qui bouffent jusqu’à nos responsabilités de parents. Rallumons plutôt notre esprit éteint, qu’il se connecte à la société réelle. 

Je dis : Levons la tête du sol, sortons la mousse de notre nombril et oublions l’égo. Regardons-nous droit dans les yeux. Sans fioritures. De l’âme à l’âme. Il y a trop de barrières que nous avons dressées entre eux et nous. Abaissons notre garde, parlons-nous; échangeons : notre culture est pleine de cultures. 

À Sherbrooke, nous jouissons d’une pluralité culturelle. Profitons de cette opportunité pour devenir plus humains, pour comprendre ce qu’a vécu notre voisin. Le mien a une famille, une famille de quelque part en Afrique. Je dis quelque part, car j’ignore d’où il vient. Je le prends pour acquis. Pourtant, j’habite ici depuis plus de quinze ans, et eux aussi, et je ne lui ai jamais demandé. Nous sommes tellement bien dans notre bulle, notre cocon, notre vie sauvage, que nous oublions de poser des questions. J’ai grandi depuis quinze ans, mais je n’ai toujours pas eu le courage de demander d’où ils sont originaires, pourquoi leur cuisine sent si bon, et s’ils peuvent m’enseigner quelques mots de leur langue. Non.

J’ai grandi et j’ai découvert le IPhone plutôt. Un téléphone intelligent. Vraiment ? Ce téléphone cellulaire est un monde-gouffre-abîme. Il aspire tout notre être. 

Depuis son arrivée, j’ai perdu des aptitudes à l’apprentissage. Je me suis assoté. De plus, j’ai développé une grande paresse. Ce handicap m’a amputé l’inspiration. Jusqu’au jour où les réseaux sont apparus. Ce jour, il y a plus que l’inspiration qui fut amputée, une partie de mon âme est morte. J’ai cherché les « j’aime », cœurs ou pouces bleus, les « followers ». Je suis devenu un monstre dépendant de l’affection virtuelle.

Les réseaux sont un peu ce que l’héroïne est aux addicts : une drogue. Un enfer qui nous entraîne dans un enfer pire que l’enfer. Heureusement, il y a des portes de sorties et des sorties de secours au bout desquelles il y a des mains pour nous tirer de là. Ces mains sont salvatrices. Elles m’ont ramené à Sherbrooke, dans ma ville natale, bien que je n’aie jamais quitté ma ville. Mais je l’ai haïe un certain temps. Avant de voir la beauté en pleins d’endroits. 

Lorsque nous nous promenons la tête droite, à ce moment nous voyons. C’est beau de voir la lumière. Le visage des gens. Le regard. Certains sont profonds, d’autres énigmatiques et d’autres encore nous parlent, nous sourient.

Alors je dis : « Cultivons-nous les uns les autres; ensemble apprenons à respecter, vivre, partager, jardiner les jardins du monde, à prendre soin de nous. Instruisons-nous des richesses de chacun. L’être a tant à offrir même quand il est pauvre. La vie de tout un chacun est une leçon à suivre : nous ne pouvons qu’en tirer de l’enrichissement.

Cessons le feu, cessons les guerres, laissons le pouvoir reposer en paix et l’argent dormir. Demain nous serons des frères et des sœurs égaux, égales, sans distanciation, sans différenciation, sans distinction, sans discrimination. Tous de la même couleur pour la même cause : devenir des êtres humains affranchis de notre propre oppression. Donc, soyons des hommes, des femmes, soyons des enfants de demain avec un seul but commun en tête : écrire notre Histoire. »

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