Pas touche à mes services publics

Date : 1 janvier 2024
| Chroniqueur.es : Benoit Viel
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Ceux qui me connaissent bien savent que j’ai été impliqué dans un gros accident de la route alors que je n’avais que 4 ans et demi. Ça a donc fait 30 ans un peu plus tôt cette année.

Il serait vain de parler d’un aussi vilain traumatisme si ce n’était pas du tout aussi vilain climat politique et social dans lequel nous sommes tous actuellement. Et les circonstances sont telles que je ressens le besoin de me porter à défense des services publics et de ses travailleurs·euses qui m’ont permis d’être ici pour en parler.

Sur les lignes de piquetage, dans le moment, il y a le personnel infirmier, mais aussi les enseignant·e·s. Si les premiers m’ont permis de voir mon 5e anniversaire, les seconds m’ont transmis une passion pour les arts de la scène ou un intérêt pour l’histoire et les sciences en général. C’est à eux tous et toutes que je dédie ce texte.

Je mentionne les circonstances actuelles. La vérité, c’est que le temps avance, mais les circonstances restent les mêmes. Il me revient en tête, une autre lettre ouverte que j’ai écrite en 2018 alors qu’une certaine Émilie Ricard faisait la manchette. Émilie Ricard travaillait en milieu hospitalier et dénonçait ses conditions de travail dans une publication faite sur les réseaux sociaux partagé plus de 50 000 fois en seulement 48 heures, selon l’entrevue qu’elle a donnée à l’émission Deux hommes en Or sur les ondes de Télé-Québec. Lors de son entrevue, Patrick Lagacé lui a demandé : « Émilie, […] tu as dit qu’être infirmière, c’est ta vocation […] et là tu dis que tu songes à te réorienter. Alors c’est quoi les chances que tu sois encore infirmière dans 5 ans ? » Et elle de répondre : « Je ne voudrais pas avoir à me réorienter. Parce que comme je l’ai dit dans mon texte, je ne sais pas quoi faire d’autre qu’être infirmière. Donc même si je veux me réorienter, je tombe face à un mur et c’est encore plus déstabilisant. Dans 5 ans, je souhaite d’être encore infirmière ! Je ne voudrais pas avoir à changer de métier, même si c’est dur ! » Émilie a maintenant 30 ans et selon ses médias sociaux, elle pratique maintenant l’art du tatouage. Il n’y a aucun doute qu’elle manie déjà bien les aiguilles et je lui souhaite tout le bonheur du monde.

Mais de Couillard à Legault ça n’a pas changé pour le mieux !

De retour sur les lignes de piquetage, dans le milieu de l’éducation, il y a la FAE qui a prôné dès le début des grèves la fermeture complète des écoles afin de faire un coup d’éclat et forcer la négociation. Force est d’admettre que la négociation n’est qu’unidirectionnelle et que la partie patronale n’est jamais de très bonne foi. Après avoir offert plus de 20 % aux policiers de la SQ, après avoir donné 5 millions $ d’argent public à une organisation sportive dont le dirigeant est déjà multimillionnaire, après avoir subventionné à coup de Milliards $ une startup étrangère qui viendra fabriquer des batteries d’automobiles, ils n’offrent que 10 % puis 12 % à ceux et celles qui éduquent vos enfants pour leur permettre d’un jour accéder à un emploi digne qui leur permettront de subvenir eux-mêmes à leurs besoins.

L’heure est grave !

Au moment où j’écris ceci, comme rapporté par plusieurs médias, les 420 000 syndiqué·e·s du Front Commun menacent de rejoindre la FAE dans une Grève Générale Illimité. Nous sommes face à la plus longue grève des 50 dernières années dans le secteur public, la popularité du gouvernement est à son plus bas et plusieurs s’entendent pour dire que cette dernière éventualité correspond à un suicide politique pour le principal intéressé, le Premier Ministre.

Albert Camus a dit : « Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude. » Et à ce moment-ci, il devient évident que la CAQ est un sérieux vecteur de dégradation de la culture — et j’entends ici la culture québécoise au sens large — celle qui forme le tissu social qui nous lie de Gatineau à Gaspé, de Sherbrooke jusqu’à Saguenay et par delà. Ils dégradent la culture chaque fois qu’ils donnent des subventions de l’ordre de plusieurs millions $ à des entreprises qui n’en ont aucun besoin ou encore lorsqu’ils votent sous bâillon une énième réforme de la santé, prenant ainsi acte de la mort de la précédente réforme, aussi votée sous bâillon par le gouvernement précédent.

Il est regrettable que l’on puisse encore se considérer démocratique dans une société où un parti politique puisse obtenir à lui seul plus de 70 % des sièges avec moins de 40 % du vote. Je prône ici un changement radical du mode scrutin et il se trouve qu’une pétition récoltant plus de 20 000 noms et portée par le député Pascal Bérubé vient d’atteindre le salon bleu de l’Assemblée Nationale.

Syndiqué·e·s du secteur public, nous sommes derrière vous !

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