Québécitude, esclavage et langue française

Date : 25 août 2019
| Chroniqueur.es : Guillaume Manningham
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Dans l’histoire de la colonisation depuis la Nouvelle-France jusqu’au Canada contemporain on passe souvent sous silence l’histoire de l’esclavage. Même la phrase qui se veut progressiste «On est tous des immigrants» cache cette réalité comme celle des peuples autochtones.

Ce complément a pour but d’apporter cet élément important que je n’ai pas mentionné dans le précédent article (voir parution 217). La présence de la population noire ne date pas des années 1960. On estime à 10000 le nombre d’esclaves surtout utilisés dans le domaine des travaux domestiques jusqu’en 1834, date de l’abolition de l’esclavage dans l’Empire britannique. Durant deux siècles, le territoire actuel du Québec a participé au commerce transatlantique des esclaves et au support d’une économie esclavagiste dans les Caraïbes. Ce «détail» est passé sous silence quand les cours d’histoire abordent le commerce triangulaire.

Volé.es à leurs communautés africaines et vendu.es comme des marchandises avec un trait héréditaire permanent, ces esclaves nous rappellent notre américanité marquée par l’histoire des peuples indigènes et la présence afro-américaine, à divers degrés et avec des métissages particuliers.

Un trait particulier de notre américanité est évidemment la langue française comme langue d’usage commune et parlée par une forte majorité de la population. Cela a influencé le choix et le parcours migratoire de centaines de milliers de personnes: d’Haïti à l’Algérie, en passant par la France et la Côte-d’Ivoire.

Au 21e siècle plus que jamais, cela est aussi une invitation aux échanges avec le reste de la francophonie qui vit majoritairement en Afrique. Contrairement à plusieurs nationalistes n’ayant pas coupé le cordon ombilical colonisé avec la France, la québécitude est marquée d’une américanité et ses liens francophones lui permettent des échanges interculturels féconds pour une identité solidaire et en mouvement. Non momifiée. Riche de sa pluralité linguistique et culturelle.

Erratum: dans l’article de Fanie Lebrun C’est quoi être Québécois.e?, l’auteure veut rectifier le nombre de nations autochtones sur le territoire du Québec soit 10 au lieu de 13. Notons que la nation malécite a procédé cet été à un changement de nomination plus fidèle pour se définir, soit la nation Wolastoqiyik Wahsipekuk.

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