Repentir

Date : 31 octobre 2021
| Chroniqueur.es : Alberto Quero
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Poème de fernando Chelle (Mercedes, Uruguay, 1976). Traduit de l’espagnol par Alberto Quero.

Je l’avoue
J’ai assassiné des papillons.
J’avais l’habitude de sortir avec mon frère
Quand le soleil calcinait la sieste,
Armée d’une branche,
La plus feuillue le mieux.
Le jour, qui tombait
En descendant,
À mourir dans la rivière,
Se fragmentait en papillons

Il y en avait quelques-unes jaunes,
Oranges la plupart et quelques autres
Qui semblait avoir une horloge entre les ailes.
Elles venaient en volant
Par la clarté et en esquivant
Des choses invisibles
Comme si elles avaient su
L’existence du géant
Qui les attendait

Elles venaient en zigzaguant
Leur temps de serpentine,
En donnant leur fragile beauté,
Sans prévoir la précipitation de la branche
De nature violentée.
Elles venaient avec le soleil des cigales
Dans leur danse arythmique
À mourir en pleine lumière,
En ludique assassinat.

Quelle peine fait l’avouer !
J’ai assassiné des papillons
J’ai été un méprisable soldat
Qui a levé ses armes contre la beauté.

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