Solidarité féministe 101

Date : 1 juin 2025
| Chroniqueur.es : Louise des Remous
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Crédit image : Collective Pas une de plus

PAS UNE de PLUS est une collective citoyenne de Sherbrooke qui rassemble des féministes en action contre les féminicides et les violences genrées. Nous nous organisons de façon autogérée, et travaillons avec une analyse féministe, intersectionnelle et transinclusive des luttes.

Nos actions sont politiquement orientées vers la déconstruction des systèmes de domination, comme le patriarcat et le capitalisme.

Nous ne sommes pas un organisme communautaire, une organisation financée, un groupe légalement constitué. On est une gang de féministes.

Nous rêvons d’un mouvement d’apprentissages collectifs, de partages d’Histoires de vie, de savoirs féministes et d’éducation populaire. Nous voulons un espace public militant et organisationnel porteur de justice sociale et surtout, d’espoir. Nous, citoyennes féministes en colère, vivant de l’impuissance et de la désolation, écoeurées du statuquo autour du continuum de violence genrée.

« Les conditions d’inégalité peuvent être reproduites au sein des mouvements et des organisations de défense des droits des femmes lorsque sont amplifiées les voix, les idées et les expériences des femmes blanches, riches, cisgenres, hétérosexuelles et les femmes non en situation de handicap, au détriment des voix, des idées et des expériences des femmes marginalisées. » (Un guide pour construire la solidarité féministe intersectionnelle, Institut canadien de recherches sur les femmes, 2021)

Reconnaitre le savoir expérientiel et l’engagement militant

On peut nous qualifier de militantes, d’activistes, de « féministes radicales qui prônent la désobéissance civile » et qui avancent le fait que le système est gangrené et que rien n’y changera si nous ne le changeons pas nous-mêmes. Ce qui est crucial dans le féminisme que nous portons, c’est de reconnaitre que notre engagement est fondé sur nos valeurs de justice sociale, d’équité et de respect de nos droits.

Traumavertissement : Ce qui suit est une liste d’enjeux multiples que peuvent vivre plusieurs femmes et qui laissent des marques permanentes. La force des féminismes portés par la Collective est bâtie à partir de nos réalités de ce qu’on vit ou ce qu’on a vécu : plusieurs types de violences (conjugale, familiale, sexuelle, économique, psychologique, judiciaire, systémique, médicale, policière, classiste, capacitiste), plusieurs types de discrimination (basée sur le genre, l’orientation sexuelle, l’identité ou l’expression de genre, l’âge, la classe sociale, les convictions politiques et/ou sur le handicap visible et invisible), décrédibilisation de nos savoirs, pauvreté, contrôle coercitif, limitation à l’accès aux transports, risque d’itinérance et itinérance cachée, certains troubles alimentaires, certaines dépendances, certains troubles de santé mentale, errance médicale, inaccessibilité de ressources en santé mentale et santé physique gratuites, inaccessibilité de produits menstruels ou de contraception gratuits, grossophobie ordinaire et médicale, absence de représentativité dans les études en santé, non-reconnaissance de la douleur, surmédicalisation et décrédibilisation de l’overdose d’effets secondaires sexisme ordinaire, harcèlement de rue, décrochage et raccrochage scolaire, arrestation et détention illégale, suicide d’une personne proche, proche-aidance, accompagnement et décès d’un parent d’un cancer du sein ou cancer des ovaires, sa propre tentative de suicide ou moments très noirs.

Pour nous, ces savoirs appelés « expérientiels », sont tous aussi – sinon plus – importants que ce qu’on peut apprendre à l’école. Nos pensées féministes se sont développées au contact des autres, avec des livres, des films, des BD, des cercles de parole, des collectifs autonomes, des participations à des recherches par et pour, des actions directes, des assemblées, des comités en non-mixité choisie. Juste en se parlant. Mais ça, on s’en torche la plupart du temps. On nous invisibilise. On nous gaslight. On nous invalide. Pourquoi faut-il toujours être une personne « experte » avec des diplômes ou représenter une organisation pour que notre parole ait de la valeur ? Pour qu’on nous écoute ? Pour vrai.

En ces moments troubles où la transmisogynie, la haine des femmes et la peur de l’Autre sont des discours réguliers, l’action citoyenne féministe devrait être encouragée. La désolidarisation d’une frange d’un mouvement vis-à-vis d’une partie jugée radicale se condamne lui-même à sa perte. Parce que si on ne travaille pas ensemble, on ne gagnera jamais la lutte.

Et si vous pensez que la désobéissance civile est le mal absolu, on vous invite respectueusement à quitter votre poste de directrice d’une table de concertation en défense de droits des femmes et à refaire vos devoirs.

Nos droits n’ont pas été gagnés avec le statuquo. C’est la multiplication des actions, dont la désobéissance civile, qui fait qu’on a les libertés et les droits d’aujourd’hui. Et c’est grâce à la multiplication des actions, dont la désobéissance civile, que nous les avons protégés, que nous les protégeons, que nous les protégerons.

Alors, où est la place des citoyennes dans la lutte féministe en Estrie ? 

 

 

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