Syrie: À qui profite le crime ?

Date : 16 septembre 2013
| Chroniqueur.es : Yves Lawler
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Pourquoi l’utilisation d’armes chimiques est-elle un enjeu important ? C’est que le président Obama l’a indiqué comme une ligne rouge à ne pas dépasser. Et pourquoi spécifier précisément l’arme chimique? C’est que selon les règlements de l’ONU, en cas d’utilisation de ce type d’arme, tout pays qui le désire peut intervenir sans passer par l’ONU, ce qui permettrait d’éviter un véto de la Russie et de la Chine au Conseil de sécurité de l’ONU. Le porte-parole de l’«armée libre syrienne» a bien expliqué que face à cette dernière attaque à l’arme chimique, son groupe espère que ses alliés occidentaux cesseront : «leur bla bla et les demandes d’enquête, il est temps d’agir», a-t-il dit. On voit bien à qui le crime pourrait profiter.

Est-ce que cette armée libre est en mesure d’utiliser des armes chimiques ? Selon la responsable de ce dossier pour l’ONU, Mme Carla Del Ponte, qui a enquêté sur les cas précédents de leur utilisation, ce sont les rebelles qui ont utilisé cette arme. Elle a déposé un rapport à cet effet au printemps, malheureusement, nos médias ont gardé le silence sur cette déclaration. Une autre question se pose : Peut-on vraiment faire confiance à ces rebelles, composés de Frères musulmans, que les Égyptiens ont chassé du pouvoir, de djihadistes radicaux venus de différents pays et du groupe Al Nostra, le plus puissant sur le terrain, membre d’Al-Quaïda ? Peut-on penser que ce sont les rebelles eux-mêmes qui ont fait cette attaque ? Est-ce qu’Al-Quaïda ne pourrait pas faire un tel coup monté pour que les Occidentaux passent à l‘action militaire, d’autant plus qu’il est reconnu que les troupes gouvernementales reprennent de plus en plus de terrain.

On nous dit qu’en Égypte, environ 70% des gens appuient l’armée dans sa lutte contre les Frères musulmans, eh bien en Syrie, les sondages donnent les mêmes résultats envers l’armée gouvernementale. Les Syriens ne sont pas dupes, ils craignent la prise de pouvoir par des islamistes radicaux et l’imposition de la charia.

Les États-Unis, avec raison, montrent beaucoup de prudence dans ce dernier cas et se demandent qui a pu poser ce geste. Pourquoi le gouvernement aurait-il utilisé cette arme alors que des enquêteurs de l’ONU sont sur le terrain et sachant qu’en traversant cette ligne rouge, il subirait les attaques des pays occidentaux. À qui profite le crime doit se demander l’administration Obama.

Cette situation montre que la conférence de paix proposée par la Russie et appuyée par les États-Unis devrait se tenir dans les plus brefs délais. Le gouvernement syrien a déjà donné son accord, la résistance vient des rebelles qui refusent de négocier avec le président Assad alors que les pays occidentaux ont donné leur accord à sa participation. Pendant ce temps les morts s’accumulent, mais la négociation est la seule voie pour sortir de ce conflit.

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