Tous les chemins mènent au Québec

Date : 1 février 2013
| Chroniqueur.es : Aline Cloutier
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Au début des années 2000, Christophe De Gaulle enseigne le français depuis dix ans dans son pays, le Cameroun. Son avenir et les perspectives d’avancement professionnel lui paraissent pourtant limités. Marié à Marie-Claire, formatrice en hôtellerie, il est père de trois jeunes garçons de cinq, huit et onze ans.

Une idée trotte dans sa tête. Après en avoir discuté avec sa femme et ses enfants, la décision est prise : il fera des démarches pour obtenir un stage d’étudiant à l’étranger. Le Québec donne rapidement suite à sa demande, puisqu’il possède tous les prérequis et répond à toutes les formalités. Il s’inscrit à l’Université Laval et obtient une Maîtrise en communication publique en 2005.

Une préoccupation l’obsède : obtenir son statut de résident permanent. Ses démarches n’aboutiront qu’en 2007 et sa famille pourra enfin venir le joindre pour vivre au Québec.

Sherbrooke l’accueille

La famille élit domicile à Sherbrooke et Christophe poursuit des études doctorales à l’Université de Sherbrooke. Les trois garçons, qui ont mis les pieds en sol québécois à un âge où l’apprentissage d’une nouvelle vie se fait avec aisance, se joignent à des équipes de soccer et de hockey et deviennent de bons joueurs. Leurs coéquipiers québécois les respectent.

Christophe est pourtant d’avis que ses enfants devront toujours redoubler d’efforts pour se surpasser et se faire reconnaître. Durant ses études, il a recueilli de nombreuses données sociologiques et démographiques sur la société québécoise : le nombre d’immigrants a sans cesse progressé; ces derniers ont peu à peu intégré le marché du travail, mais la discrimination persiste.

Christophe décroche bientôt un poste temporaire au sein de la Fédération des Communautés Culturelles de l’Estrie, une association vouée à l’insertion des différentes communautés. Son travail lui permet de côtoyer des immigrants d’horizons et de cultures différents. Il constate encore et encore que les équivalences de diplômes ne rendent pas justice aux diplômés. Ils se heurtent souvent aux critères d’admission des associations, qui exigent parfois de reprendre les mêmes études au Québec.

Christophe occupe aujourd’hui un poste d’enseignant à Montréal et retourne à Sherbrooke toutes les fins de semaine pour retrouver sa famille.

Marie-Claire

Dynamisme, indépendance et ouverture d’esprit caractérisent Marie-Claire. Avant de vivre au Québec, elle avait accumulé une expérience de treize ans dans le secteur de l’hôtellerie. Détentrice d’un BTS (brevet de technicien supérieur) qu’elle a obtenu en Tunisie, elle a poursuivi sa formation à Toulouse, en France, comme formatrice dans la même discipline. Les premières démarches de Marie-Claire pour trouver de l’emploi en hôtellerie s’avèrent infructueuses. Pour gagner sa vie, elle trouve finalement un poste de préposée aux repas à la cafétéria de l’hôpital de Fleurimont. Puis, l’été, elle travaille au champ pour une ferme biologique de la région.

Tout en travaillant à temps partiel, Marie-Claire multiplie ses chances de trouver un emploi selon ses compétences. En 2009, elle s’inscrit à un DEC en gestion hôtelière. Nous sommes en novembre 2012 et Marie-Claire termine sa dernière session pour l’obtention du DEC. Parallèlement, elle travaille comme serveuse au Bistro de Fleurimont. Elle affirme que l’échec de ses premières démarches repose en partie sur la méconnaissance de la culture québécoise et sur certains préjugés à l’égard des personnes immigrantes de race noire. Depuis, elle a parcouru du chemin. Aujourd’hui, elle est présidente des Camerounaises de Sherbrooke et elle publiera bientôt un roman qui traite de la prostitution et de la polygamie dans les pays africains, notamment le Cameroun!

Marie-Claire détiendra bientôt un DEC. Elle a désormais tous les éléments en mains pour poursuivre une carrière dans son domaine, mais reste ouverte à d’autres possibilités d’emploi. Quant à Christophe, grâce à son nouveau poste, il envisage l’avenir avec plus d’optimisme. Le couple entend donner à ses enfants tous les moyens pour être bien préparés à se bâtir un bel avenir ici, s’ils le souhaitent. Ils se sont intégrés, réussissent bien à l’école et se sont fait des amis de toutes origines.

Leur persévérance et leur désir inébranlable de faire leur vie au Québec devraient leur donner raison d’avoir choisi la Belle Province, même s’il est clair que la couleur de leur peau n’est pas étrangère aux difficultés qu’ils ont dû surmonter.

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