Un budget à l’image de la CAQ : déconnecté et inutilement couteux

Date : 1 avril 2022
| Chroniqueur.es : Jean-Philippe Benjamin
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En attendant le dévoilement du budget provincial, le ministre des Finances du Québec, Éric Girard, nous annonçait un budget responsable axé sur la santé, l’éducation et l’économie avec des mesures pour faire face à la hausse du cout de la vie. Le 22 mars, c’est avec surprise que l’on a appris que par budget responsable, le ministre parlait de lancer 3,2 milliards spontanément à plus de 90 % de la population, sans réfléchir à la possibilité de créer des mesures structurantes concrètes ou de meilleures façons de répartir équitablement ce montant en fonction du revenu. 

Pas toutes et tous dans le même bateau 

Rappelons qu’à l’image de la pandémie, l’inflation nous plonge toutes et tous dans la même tempête, mais que nous sommes loin d’être dans le même bateau. Pendant que certains sont en yacht, de plus en plus de personnes tentent tant bien que mal de garder la tête hors de l’eau avec une chaloupe trouée. En effet, cette aide spontanée distribuée également à toutes les personnes gagnant en bas de 100 000 $ est totalement ridicule quand l’on reconnait que l’inflation touche principalement les foyers gagnants moins de 60 000 $ et de 30 000 $ pour les personnes seules (source : Institut de recherche et d’informations socioéconomiques – IRIS). C’est à se demander si le gouvernement ne vise pas à acheter des votes plutôt qu’à résoudre le problème…

Les limitations de cette aide spontanée

Un couple de deux adultes, ayant un revenu de 90 000 $ chacun, recevra ainsi 1000 $ tandis qu’une mère monoparentale ayant de la difficulté à joindre les deux bouts n’aura qu’un 500 $ supplémentaire. 500 $ pour faire face à la hausse de loyer, au cout de l’épicerie et de l’électricité, pour nommer que les principaux. Il est important de souligner que ces hausses de prix continueront de grimper dans les prochaines années et auront un effet à travers le temps, contrairement à l’aide ponctuelle que propose le gouvernement. Il faut se rendre compte que les personnes le plus dans le besoin vont, en grande partie, faire leur épicerie, payer le loyer et partiellement leurs dettes et que plus rien ne restera pour le reste de l’année. 

La déconnexion de la CAQ

Cette décision en est une de plus d’une longue lignée qui démontre clairement que le gouvernement de Legault ne comprend pas, ou refuse de comprendre, les inégalités présentes dans la population québécoise. Même que les termes « pauvreté », « exclusions sociales » et « inégalités économiques » ne sont pas prononcés une seule fois dans les 470 pages du budget. Surement que le gouvernement pense qu’en ignorant celles-ci ils disparaitront à l’instar de la crise du logement… En fait, le seul endroit où l’on peut voir un intérêt pour ces enjeux, c’est pour annoncer le déploiement du nouveau Plan d’action de la Politique gouvernementale de prévention de la santé (PGPS) qui « permettra à l’ensemble de la société de se mobiliser en faveur de l’amélioration de l’état de santé et de la qualité de vie de la population. » Comme si la racine du problème se trouve dans les habitudes individuelles et non dans la pauvreté. En rappel : des dizaines et des centaines d’études démontrent les effets délétères que la pauvreté a sur la santé physique et mentale.

Il est incroyable que le ministre des Finances ait tout bonnement libéré 3,2 milliards pour le lancer au gré du vent en pleine année électorale. Il est clair qu’aucune réflexion profonde ou d’étude n’a servi à appuyer cette immense dépense. Si vous attendez toujours une preuve de l’incompétence de ce gouvernement, je ne sais pas ce qu’il vous faut de plus. Plusieurs autres mesures structurantes auraient pu être prises avec un tel montant, mais l’on préfère une mesure populiste et sans fond. 

Pendant ce temps les personnes les plus précaires sautent des repas, des personnes âgées se retrouvent à prendre leurs prescriptions une fois sur deux, par manque de fonds, et des personnes à l’aide sociale reçoivent 50 % de la mesure du panier de consommation. La couverture des moyens de base c’est le minimum vital pour toutes et tous et ce n’est pas un 500 $, une fois, qui changera la donne.

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