Qu’on ne se méprenne pas! Que ce soit individuellement ou collectivement, vivre dans le regard des autres, ce n’est jamais dans notre intérêt. On se laisse définir par autrui, on n’est pas à l’écoute de nos propres intérêts, on peut être l’objet de procès d’intention de la part d’autrui qui cherche à promouvoir ses propres intérêts et à discréditer à l’avance une prise de parole qui risquerait d’aller à l’encontre de ces derniers.
Et pour ce faire, le recours à la manipulation et à la culpabilisation constitue un puissant moyen de tenter d’imposer le silence. Conséquence ultime : une parole n’est pas dite, des débats nécessaires sont étouffés. Et alors, individuellement ou collectivement, nous n’existons pas!
Voilà le piège que nous tend M. Pierre Fitzgibbon par rapport à la démarche de judiciarisation du dossier Northvolt lorsqu’il parle « d’élan d’hostilité » envers le projet d’usine de batteries et lorsqu’il exprime sa crainte qu’on touche « à la crédibilité du Québec ».
Je ne me reconnais nullement dans ce sentiment « d’hostilité » que voudrait m’attribuer le ministre et je refuse de m’y laisser enfermer. Le droit légitime de poser des questions sur un projet de cette ampleur, loin de constituer de « l’hostilité », démontre une volonté d’un projet de développement économique bon pour la population actuelle sans compromettre les chances et opportunités de développement des générations futures.
Il nous revient à nous de jeter les bases de notre propre crédibilité, à nos propres yeux, et non en fonction des regards extérieurs. En ce sens, de quelle crédibilité parle M. Fitzgibbon lorsque son propre gouvernement change sans débat sa propre règlementation concernant la protection des espèces menacées et les conditions nécessaires à la soumission d’un projet au regard du Bureau d’audiences publiques (BAPE) pour mieux implanter le projet de Northvolt?
Dans un contexte de crise environnementale caractérisée par la perte importante de la biodiversité et une crise climatique qui perturbe les écosystèmes, les projets de développement ne peuvent plus se penser à court terme. Ils doivent aussi se penser en respectant les intérêts de nos enfants, de nos petits enfants et des générations futures.
Il revient à nos dirigeants de décider s’ils sont « hostiles » à une telle orientation et s’ils veulent contribuer à la crédibilité du Québec. Et celle-ci sera toujours mieux servie en favorisant et promouvant la prise de parole des Québécoises et Québécois eux-mêmes.