Gestion à la performance ?

Date : 17 janvier 2016
| Chroniqueur.es : France Croteau, Raymond Duquette
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Monsieur Luc Fortin
Député de Sherbrooke

Bonjour Monsieur Fortin,

Tel que décrit dans notre lettre opinion adressée à M. Maurice Cloutier à la suite de l’entrevue avec la STS que publiait La Tribune en le 10 octobre dernier, le Regroupement des usagers du transport adapté de Sherbrooke métropolitain (RUTASM) s’inquiète toujours quant à la possibilité que le transport en commun régulier et adapté soit géré par des taux de performance (cf. Une responsabilité collective, 14 octobre 2015).

Votre ministre des Transports vient d’annoncer une baisse des frais d’immatriculation aux automobilistes (19 novembre 2015) et votre premier ministre vient de déclarer qu’il n’entend pas « augmenter la taxe d’essence » (28 novembre 2015), ce qui pourtant pourrait aider au financement du transport en commun ! Devons-nous comprendre qu’il n’y aura pas d’ajout de financement aux transports collectifs réguliers et adaptés, cela signifiant dans les faits une diminution des contributions du ministère des Transports ? (Rappelons qu’il n’y a pas eu d’indexation en 2015 pour le transport adapté, une toute première pour le financement de ce service.)

Gérer le transport public par critères de performance devient-il alors une façon de gérer la décroissance des fonds publics, en éliminant ce qui n’est pas rentable, même « contre-productif » comme disent des experts en gestion d’entreprises ? C’est par le fait même éliminer toute la notion de service public et l’obligation d’une société solidaire (gouvernement, municipalité) à desservir toute sa population, tous ses citoyens et citoyennes, surtout avec une préoccupation à que soient desservis les plus vulnérables.

N’êtes-vous pas sensible, M. Fortin, au fait que des « clientèles » pourraient ne plus avoir de service de transport collectif ? Sherbrooke, comme vous le savez, est l’une des villes les plus pauvres au Québec, c.-à-d. composée de citoyens et citoyennes sans argent pour se payer des automobiles et donc captifs des transports collectifs, de personnes âgées et handicapées, à majorité inaptes à conduire et totalement captives des transports régulier et adapté.

Il faut des rajouts de financement pour les personnes utilisant les transports collectifs : telle devrait être la préoccupation de votre gouvernement. Nous vous avons informé des besoins des plus vulnérables. Nous espérons que vous interviendrez auprès de vos collègues et ministres pour en appeler à une plus grande solidarité de votre gouvernement envers les plus vulnérables, à une plus grande justice sociale — que nous défendons comme organisme communautaire autonome — et à davantage de développement durable, c.-à-d. un développement qui doit être économique, environnemental et — à ne pas oublier — social.

France Croteau et Raymond Duquette sont respectivement coordonnatrice et président du Regroupement des usagers du transport adapté de Sherbrooke Métropolitain (RUTASM).

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