Les candidat·es à l’élection québécoise dans Sherbrooke se présentent

Date : 13 septembre 2018
| Chroniqueur.es : Sylvain Vigier
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A la date de notre bouclage, 6 personnes se sont portées candidates à l’élection provinciale dans la circonscription de Sherbrooke: Pierre Brousseau pour le Parti conservateur du Québec, Marie-Maud Coté-Rouleau pour le Parti vert du Québec, Luc Fortin (actuel député de Sherbrooke) pour le Parti libéral du Québec, Christine Labrie pour Québec solidaire, Guillaume Rousseau pour le Parti québécois et Bruno Vachon pour la Coalition avenir Québec. Nous leur avons adressé une série de questions décalées, pour tenter de faire ressortir leur personnalité, d’identifier les choses qui les allument, et finalement avoir des informations concrètes sur ce qui sera mis en œuvre advenant leur élection.

 

Nous sommes tous marqués en tant qu’individus par des souvenirs d’enfance liés à l’actualité locale ou internationale. Quel est votre plus vieux souvenir d’un événement médiatique au Québec ou à l’international?

Pierre Brousseau (PCQ) La grève de Domtar en 1968 lorsque plus de 1200 ouvriers des papetières de l’Estrie se sont mis en grève durant plus de 6 mois.

Marie-Maud Coté-Rouleau (PVQ) Mon plus vieux souvenir d’un évènement médiatique au Québec est celui de la grève étudiante de 2012. Bien que l’évènement semble encore tout récent, je n’étais âgée que de 13 ans et je commençais tout juste à m’intéresser à l’actualité nationale et internationale. Je me rappelle avoir été marquée par l’ampleur du mouvement et avoir ressenti un sentiment de fierté face aux étudiants qui se tenaient debout pour une éducation abordable sachant que j’allais en profiter moi aussi dans quelques années.

À l’internationale, mon plus vieux souvenir remonte au tremblement de terre qui a eu lieu en 2010 en Haïti. Je me rappelle avoir été marquée par la détresse des gens, plus particulièrement celle des enfants de mon âge. C’est la première fois où j’ai réellement été outrée des conditions de vie dans certains pays du monde et que j’ai pris conscience de l’importance des inégalités sociales, problème qui me motive justement à me lancer en politique.

Luc Fortin (PLQ) Au Québec le 6décembre 1989. J’étais dans la cuisine de ma grand-mère et on publiait en direct sur sa télévision en noir et blanc la fusillade de la polytechnique. J’avais 7 ans à l’époque. À l’international, le 31 août 1997. La mort de la princesse Diana survenue au début de mon adolescence.

Christine Labrie (QS) L’image qui me vient à l’esprit en premier est celle des puits de pétrole enflammés. À 4 ans j’étais trop jeune pour comprendre de quoi il s’agissait (la Guerre du Golf de 1991), mais l’image est imprimée dans ma mémoire. Je me souviens d’avoir vu ces images à répétition pendant des mois, d’avoir ressenti l’absurdité des guerres et du gaspillage.

Guillaume Rousseau (PQ) Mes plus vieux souvenirs médiatiques sont la mort de René Lévesque (1987) et l’explosion de la navette spatiale Challenger (1986).

Bruno Vachon (CAQ) Le décès de Gilles Villeneuve et la chute du mur de Berlin.

 

Nous pouvons sentir dans la société québécoise un certain marasme, avec un manque de confiance voire certaines craintes en l’avenir. Qu’est ce qui, de votre point de vue, fonctionne le moins bien dans la société québécoise actuellement?

Pierre Brousseau (PCQ) L’affirmation de notre identité québécoise au sein du multiculturalisme et de la nation canadienne. Qui sommes-nous et d’où venons-nous?

Marie-Maud Coté-Rouleau (PVQ) Je crois que notre société perd l’essence de ce qu’est la «démocratie». Le mot d’origine grecque signifie «le pouvoir au peuple». Au Québec, les citoyens ne sont pas consultés quant aux décisions politiques importantes. Beaucoup sont peu informés quant à la politique provinciale qui est présentée par de nombreux médias comme étant complexe, ennuyante et hors de leur portée. On considère que le simple droit de voter afin d’élire un représentant à l’assemblé suffit afin de considérer notre système comme étant démocratique, alors que c’est complètement faux. Dans une démocratie, chaque citoyen devrait pouvoir s’informer adéquatement et se positionner personnellement sur les différents enjeux politiques. C’est en favorisant l’implication citoyenne en politique que nous pourrons vaincre le marasme et favoriser l’émergence de nouveaux projets. C’est pourquoi j’encourage fortement la mise sur pied d’assemblées citoyennes dont les conclusions seront réellement considérées par l’Assemblée nationale.

Luc Fortin (PLQ) Je ne suis pas d’accord avec la prémisse de la question. Plus que jamais l’économie va bien. Le taux de chômage est au plus bas depuis 1976, on est au plein emploi, la confiance des investisseurs est présente et la confiance en l’avenir au Québec aussi. Il y a plusieurs possibilités pour les jeunes et on peut dire que les barrières sont tombées. Nous avons un Québec confiant et ouvert sur le monde.

Christine Labrie (QS) À mon avis c’est la démocratie. Il y a tellement de personnes qui pensent que voter ne sert qu’à se donner le droit de critiquer. Le mode de scrutin actuel fait en sorte que beaucoup de personnes ont le sentiment de ne pas avoir leur mot à dire sur la direction que prend le Québec, et de ne pas être représentées adéquatement par les élus. Un mode de scrutin qui permettrait aux gens de voter selon leurs convictions et d’avoir des gouvernements plus représentatifs redonnerait confiance en l’avenir.

Guillaume Rousseau (PQ) Le gouvernement fédéral… et donc l’état de dépendance du Québec envers la pétro-monarchie canadienne.

Bruno Vachon (CAQ) Absence d’un projet collectif rassembleur et le manque de confiance de la population envers nos institutions. (politique, santé, juridique).

 

Citez un livre, un film, ou une chanson qui illustre le mieux votre état d’esprit pour cette campagne.

Pierre Brousseau (PCQ) Le livre «Si Domtar m’était conté» qui relate l’histoire de notre industrie papetière en Estrie et au Québec à travers les luttes syndicales, les changements technologiques et les revendications de nos municipalités et des producteurs de bois vis-à-vis de cette industrie.

Marie-Maud Coté-Rouleau (PVQ) Je crois que le «Petit guide d’autodéfense intellectuelle» de Normand Baillargeon est le livre qui illustre le mieux mon état d’esprit actuellement, soit de demeurer critique face à l’information qui m’est présentée par les différents partis politiques et par les médias.

Luc Fortin (PLQ) Le film qui illustre le mieux ma campagne et mon état d’esprit comme candidat est assurément la série Rocky. Les deux chansons thèmes s’appliquent également très bien à ma campagne électorale alors je fais d’une pierre deux coups.

Christine Labrie (QS) Le film Demain. Parce que c’est un film optimiste, qui propose des solutions concrètes pour résoudre la crise environnementale que l’on traverse actuellement. C’est un film qui appelle à la mobilisation, à la créativité, qui donne le goût de se mettre en action. C’est exactement l’esprit de ma campagne avec Québec solidaire: aux problèmes des Québécois nous proposons des solutions concrètes et audacieuses.

Guillaume Rousseau (PQ) Libérez-nous des Libéraux (par Loco locass).

Bruno Vachon (CAQ) Fred Pellerin, Se tenir debout.

 

La problématique climatique et environnementale devient de plus en plus présente dans le débat public, en particulier par l’augmentation du nombre d’épisodes climatiques extrêmes auxquels nous sommes confrontés. Qu’est-ce qu’un.e député.e peut faire contre le changement climatique et la crise écologique?

Pierre Brousseau (PCQ) Encourager l’utilisation de voitures qui consomment moins d’essence, inciter les multinationales à respecter l’environnement par des mesures adaptées, prévenir les feux de forêt par une politique de nettoyage des résidus en milieu forestier.

Marie-Maud Coté-Rouleau (PVQ) Une députée peut réclamer la mise en place de plusieurs mesures étatiques afin de favoriser le développement durable et la réduction des déchets. Elle peut déposer des projets de loi en ce sens. On peut penser par exemple à un projet de loi pour la mise en place d’un programme d’approvisionnement des cafétérias scolaires par des agriculteurs locaux visant ainsi la réduction des émissions liées au transport. La députée peut s’opposer à tous les projets visant l’exploitation d’hydrocarbures. Au niveau local, la députée peut s’impliquer personnellement auprès des divers organismes de sa région pour l’instauration de jardins publics ou bien pour bannir les contenants jetables dans les commerces. Elle peut aussi participer à conscientiser les gens par différentes campagnes de sensibilisation, notamment dans les écoles. Finalement, la députée se doit d’être cohérente avec ce qu’elle prône et faire des changements dans sa vie personnelle (s’orienter vers le zéro déchet, réduire sa consommation de viande …), elle doit être un exemple à suivre.

Luc Fortin (PLQ) Le principal rôle du gouvernement est de transmettre et faire valoir l’importance de la problématique climatique et environnementale. Il est primordial pour moi d’intervenir au caucus et au conseil des ministres sur les conséquences du changement climatique afin de passer aux actes. Il faut prendre la parole publiquement pour sensibiliser la population à ces enjeux. Il faut également dénoncer le discours climato-sceptique.

Christine Labrie (QS) Les élus doivent faire preuve de courage. On a dépassé l’étape de la sensibilisation et des petits gestes individuels. Il faut que les gouvernements agissent eux aussi, par exemple en mettant fin à l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures, en investissant massivement dans le transport en commun pour réduire la dépendance à la voiture. Nous proposons d’interdire la vente de véhicules à essence en 2030, parce qu’on veut électrifier les transports. Je m’attends des partis qu’ils proposent des solutions concrètes, et tous les élus devraient mettre la partisannerie de côté pour adopter ces solutions, parce qu’on doit agir rapidement.

Guillaume Rousseau (PQ) Un.e député.e peut participer au processus législatif permettant la mise en place des outils (par exemple la Bourse du Carbone) et règlements nécessaires à la lutte aux changements climatiques, de même que s’assurer de la qualité de l’action gouvernementale en la matière. De plus, le Parti Québécois de l’Estrie propose de contribuer à la mobilisation de la société civile afin d’améliorer la qualité de l’eau, tout en accompagnant les municipalités dans la mise en place d’infrastructures qui amélioreront le traitement des eaux usées et de pluie, gravement affectée par les changements climatiques. De plus, le Parti Québécois de l’Estrie s’engage à la réalisation du train Montréal-Sherbrooke-Boston d’ici 2022, un projet qui aura un impact très positif en matière de développement durable. Aussi, le Parti Québécois désire accélérer le rythme d’électrification des transports au Québec, de même qu’un projet pharaonesque, le Grand Déblocage, qui permettra de réduire la congestion de même que les émissions de gaz à effet de serre par l’articulation de nombreux projets de tramways, trains de banlieues, voies réservées au transport en commun et autres. Enfin, le Parti Québécois propose d’adopter une loi-cadre sur le respect de nos engagements climatiques.

Bruno Vachon (CAQ) Seul on va vite, ensemble on va loin. Chaque député doit poser des gestes concrets dans son milieu pour que collectivement on y voit une différence. Amélioration du transport collectif, électrification des transports, amélioration de la qualité de nos cours d’eau.

 

Quelle est votre position sur l’augmentation du salaire minimum à 15$/h au Québec, alors que l’Ontario l’adoptera en janvier 2019?

Pierre Brousseau (PCQ) Je pense qu’il faut plutôt exercer un contrôle sur le prix des produits et des services puisque, de toute façon, l’inflation fera perdre la marge de profit obtenu par les salariés.

Marie-Maud Coté-Rouleau (PVQ) Je considère qu’une hausse du salaire minimum à 15$/h est nécessaire afin d’assurer à tous les salariés un niveau de vie décent. L’augmentation du salaire minimum permettra entre autres de diminuer le stress sur les ménages qui peinent à joindre les deux bouts, leur octroyant ainsi la chance de se concentrer d’avantage sur leur propre éducation et celle des enfants, sur le sport et les loisirs. L’augmentation du salaire minimum est effectivement une façon d’augmenter la scolarité globale (une bonne partie du décrochage étant liée à des problèmes financiers) en plus de favoriser une société moralement et physiquement plus en santé. De plus, en augmentant le salaire minimum, on augmente le pouvoir d’achat ce qui va avoir des retombées économiques non-négligeables notamment dans les commerces locaux.

Luc Fortin (PLQ) Afin de ne pas mettre en péril l’emploi dans les PME, le gouvernement procède de façon graduelle. On vise que le salaire minimum représente 50% du salaire horaire moyen en 2020 selon le plan quadriennal adopté. Cette hausse est graduelle et responsable pour éviter une inflation qui ne serait pas contrôlée.

Christine Labrie (QS) Le salaire minimum doit être augmenté à 15$ de l’heure dès maintenant et doit être indexé en fonction du coût de la vie. C’est inacceptable qu’une personne qui travaille à temps plein au salaire minimum ne touche pas un revenu suffisant pour sortir de la pauvreté.

Guillaume Rousseau (PQ) Le Parti Québécois s’engage à faire passer le salaire minimum à 15$/heure de façon progressive d’ici 2022.

Bruno Vachon (CAQ) La solution selon moi passe par de nouveaux emplois mieux rémunérés, la formation professionnelle et continue doit permettre à plus de gens d’accéder à de meilleures conditions. Le commerce de détail est déjà extrêmement fragile et nous devons être prudents dans la recherche de solution. Le revenu disponible des québécois doit être augmenté, il y a selon moi d’autres façons d’y arriver.

 

Vous êtes élu.e député.e. de Sherbrooke (félicitation!!). Quel(s) projet(s) souhaitez-vous voir se réaliser à Sherbrooke et au Québec pour vous juger satisfait.e de votre action de parlementaire?

Pierre Brousseau (PCQ) À Sherbrooke, faciliter l’accès aux services publics en réduisant les frais exigés au consommateur et établir des liens de communication entre nos universités et le public en général, afin qu’il profite de l’expérience de nos formateurs.

Au Québec, instaurer le revenu minimum garanti, diminuer les dépenses reliées aux infrastructures afin de les réinvestir dans les besoins essentiels des familles, des jeunes et des milieux culturels, sans pour autant négliger l’aide aux entreprises; préserver notre agriculture en maintenant la gestion de l’offre et en subventionnant la relève; accélérer les processus de francisation des entreprises et maintenir une surveillance plus étroite afin de faire respecter la loi sur les langues officielles.

Marie-Maud Coté-Rouleau (PVQ) Je souhaite pouvoir créer un nombre important de logements sociaux afin de m’assurer qu’un maximum de citoyens n’ait pas à débourser plus de 20% de leur salaire pour se loger. En effet, ma campagne étant très axée sur la justice sociale, la mise en place de plus de logements sociaux à Sherbrooke est un projet concret et réalisable qui permet de tendre dans cette direction. Je considère ceux-ci comme étant d’une importance cruciale pour les mêmes motifs que j’ai évoqués quant à la hausse du salaire minimum.

Luc Fortin (PLQ) Une hausse marquée de la population, car cela aura plusieurs impacts. Tout d’abord un plus grand bassin de travailleurs pour nos entreprises en manque de main-d’œuvre. Des individus qui vont participer au développement de nos entreprises et à en attirer des nouvelles. De plus, imaginez tout le talent qui pourrait être ainsi mis à profit dans le service public.

Christine Labrie (QS) Je me présente pour que toutes les personnes qui travaillent à améliorer la vie des autres, en santé, en éducation, dans le communautaire, en environnement, en culture, etc. aient une alliée à l’Assemblée nationale. Je veux être une facilitatrice pour la réalisation de leurs projets. Je serai satisfaite si j’arrive à permettre aux acteurs et actrices du milieu de réaliser leurs projets. Pour moi c’est ça le rôle d’une députée: défendre et soutenir les gens de sa circonscription, pas décider pour eux.

Guillaume Rousseau (PQ) Mobiliser la société civile afin de voir naître une clinique d’infirmières-praticiennes spécialisées (super-infirmières) sur le modèle de la clinique SABSA, de Québec. Aussi, apporter des modifications législatives afin de permettre aux infirmières-praticiennes spécialisées d’être de plus en plus autonomes dans leur pratique professionnelle;

Bruno Vachon (CAQ) Autant au niveau local que provincial nous devons améliorer la situation économique de notre région et de notre province et de devenir indépendant économiquement et de ne plus être à la remorque des autres provinces.

 

Faisons un peu de politique fiction. Le Québec vient de devenir un État indépendant du Canada. Votre Premier ministre vous appelle car il ne sait pas comment appeler la monnaie de ce nouveau pays. Quel nom lui proposez-vous?

Pierre Brousseau (PCQ) Le «BLÉ» pour Billet Local d’Échange en référence à la monnaie locale mise sur pied à Québec par les commerçants de la ville.

Marie-Maud Coté-Rouleau (PVQ) La piasse québécoise.

Luc Fortin (PLQ) Et je souhaite que ça reste de la politique-fiction! Parce que mon souhait le plus cher pour le Québec c’est que ce dernier reste au sein de la fédération canadienne et continue d’y assumer son rôle de chef de file.

Christine Labrie (QS) Je répondrais au Premier ministre que la meilleure façon de choisir un nom pour cette nouvelle monnaie serait de faire une consultation populaire et d’inviter les Québécois et Québécoises à soumettre leurs propositions, puis à voter.

Guillaume Rousseau (PQ) Le dollar québécois.

Bruno Vachon (CAQ) (n’a pas répondu à cette question)

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