Le Temps Lumière (3/3)

Date : 30 août 2021
| Chroniqueur.es : Souley Keïta
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Vues sur… Le Temps Lumière, Stéphanie Robert et Amélie Roberge.

Dernier arrêt dans notre voyage à travers Le Temps Lumière et les œuvres d’artistes qui nous initie à ces derniers songes d’un été qui s’achève comme il a commencé, avec cette belle euphorie. Une euphorie qui se jumèle à l’apaisant avec un rapport pour l’une à une peinture hydrique et pour l’autre à une peinture que je dirai musicale. 

Stéphanie Robert et Amélie Roberge ont su créer un univers or du commun avec des visions alliant sensibilité et proximité avec la nature, équilibre et sérénité avec les couleurs. Une symphonie du paisible qui se retranscrit à merveille dans ces oeuvres.

Le journal Entrée Libre a pu s’entretenir avec les artistes et proposera une série d’articles mettant la lumière sur leurs œuvres et leur parcours. Le dernier article est consacré aux peintres Stéphanie Robert et Amélie Roberge qui ont répondu à nos questions : 

Souley Keïta : Je voudrais m’arrêter en premier lieu sur votre parcours et comment il vous a amené jusqu’à la peinture ?

Stéphanie Robert : Je fais de l’art depuis toute petite. Ma mère, que je remercie encore aujourd’hui, a compris assez tôt ce besoin que j’avais. Même si mes études ne s’inscrivent par dans l’art, car j’ai fait des études à l’université en géographie, les questions sur l’environnement et l’art ont toujours été omniprésents depuis que je suis petite. Ce sont les deux domaines qui m’ont le plus parlé et pour lesquels j’avais un fort attrait. J’avais cette impression que cela faisait partie de moi. Lorsqu’il est venu le temps de choisir un domaine dans les études universitaires, j’avais besoin de contribuer au monde et je pensais qu’il fallait le faire par la science. À la fin de mon baccalauréat, je me suis bien rendu compte que ce n’était pas par la science que je devais contribuer mais par les arts. Après mes études en géographie, j’ai été professeur de yoga à Montréal lorsque mon amour pour l’art m’a rattrapé. Exercer les arts dans cette ville est peu évident car les appartements sont souvent petits et il faut faire la démarche pour louer un atelier, je n’en étais vraiment pas à cette initiative. Quelques années plus tard avec mon chum, nous avons décidé de partir en région dans le Bas-Saint-Laurent à Cacouna puis soudainement j’avais mon l’espace, j’avais mon atelier qui était dédié à la peinture et qui m’a permis, depuis maintenant un certain temps de m’épanouir artistiquement. 

Souley Keïta : On aurait pu définir Le Temps Lumière par L’Eau Lumière. J’aimerais que l’on plonge dans vos œuvres en captant son essence, pouvez-vous nous parler de ce lien avec le fleuve?

Stéphanie Robert : J’aime beaucoup l’idée de L’Eau Lumière parce que le fleuve expose à un moment de la journée, notamment lorsque le soleil tombe, ces reflets sur l’eau et j’aime dire que le fleuve devient lumière. Il reflète une lumière qui n’est plus dans le ciel et il y a comme un transfert entre l’eau et le ciel. Cette lumière est une nourriture pour le corps, pour l’esprit, c’est sans fin les changements de couleurs, les changements de température liés à ce cours d’eau. C’est un endroit particulier qui est alimenté par un courant arctique qui amène les baleines et une vie marine extravagante. On sous-estime le potentiel de ce cours d’eau. Concernant le rapport de l’eau avec mon œuvre, c’est venu naturellement. Avec mes études en géographie, j’ai un intérêt pour le territoire, un intérêt physique car nos cellules sont constituées de la même chose que les cellules des arbres, des pierres, etc. Il y a vraiment ce ressenti qui fait que j’appartiens au territoire, je me sens partie intégrante et mon désir premier est de l’honorer par ma peinture. C’est une tâche immense.

Souley Keïta : Lorsque votre cœur se confond dans vos tableaux. On ressent à chaque fois un visuel de cet organe, celui qui bat pour l’art mais également pour le fleuve. Est-ce que c’est une interprétation ou cela ressemble à votre vision qui se pose sur votre art ?

Stéphanie Robert : Vraiment! Cela fait penser au cœur et je ne le fais pas de façon préméditée. Je ne pense pas à cela mais c’est révélé, je suppose que c’est mon inconscient qui parle. Est-ce que cela à un lien avec l’art mexicain? Oui, car c’est un pays auquel je tiens. Le cœur est toujours présent dans leur art et le cœur physique est toujours représenté comme cela. Je rajouterai qu’il y a avec le cœur, une question d’équilibre. Je n’avais pas tant intellectualisé cette idée mais lorsque les gens me parlent de mes œuvres, souvent ils mentionnent cet équilibre. Cet équilibre est présent dans ma vie car je suis professeur de yoga. À travers ce métier, je suis à la recherche constante d’équilibre émotionnelle, intellectuelle, physique mais également une recherche d’équilibre avec le monde qui m’entoure. 

Souley Keïta : Je reviens souvent à cette idée que ce qui nous fait aujourd’hui est le fruit de notre parcours, comment votre parcours a influé sur votre art ?

Amélie Roberge : J’ai commencé de façon autodidacte mon art. Étant une grande amoureuse de la nature je vis depuis longtemps à Tingwick, où je me retrouve autant en forêt que dans les champs. C’est mon petit paradis et c’est vraiment par amour que j’ai voulu donner une deuxième vie à ces crânes d’animaux. Je peins sur des crânes d’animaux depuis plusieurs années avec ce but de revaloriser quelque chose qui est abandonné, qui gît dans cette forêt.

Souley Keïta : Le cœur ne se fracture pas. À travers ces crânes, je remarque qu’il y a une fissure, une fracture. Est-ce qu’à travers votre art, on pourrait l’interpréter comme une fracture avec notre histoire ? 

Amélie Roberge : Je n’avais pas vu cela ainsi. Dans cette série d’œuvres, j’ai voulu marier deux passions, que sont la peinture et la musique. Peut-être que dans mon autre série des femmes qui ont marqué Serge Bouchard, il y aurait un lien à faire avec cette fracture de l’histoire.

Souley Keïta : Peux-tu nous parler de ce lien musical qui anime ton art pictural?

Amélie Roberge : La musique a toujours quelque chose de très enlevant et elle nous transporte. Je trouve également la musique très méditative et elle se juxtapose dans mon art avec minutie notamment dans ces petits motifs qui reviennent. Il y a un appel à l’ordre dans la plupart des oeuvres, contrairement à Twist and trash, qui est une musique qui bouge beaucoup et qui appel au désordre.

Vivez les derniers jours de la deuxième exposition du Temps Lumière à la Galerie G de B R et vibrez pour le bel art offert par nos talentueux artistes. 

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