À quoi servent les artistes?

Date : 19 décembre 2012
| Chroniqueur.es : Fanie Lebrun
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Certains diront : à quêter des subventions. Pour d’autres – et ils étaient nombreux le 13 novembre dernier, lors de la 3e édition de la Soirée de reconnaissance des artistes et des travailleurs culturels de l’Estrie – ils servent à être récompensés de leur contribution à la société. Car si les artistes travaillent très fort à partager leurs convictions, leur manière de voir et de faire, encore faut-il les découvrir pour les nourrir, les (re)connaître pour s’en inspirer!

La soirée était organisée par le Conseil de la culture de l’Estrie (CCE), qui a pour mission le développement culturel de l’ensemble du territoire estrien. Comme l’a souligné M. Robert Lussier, directeur général de la Caisse Desjardins du Lac-des-Nations, « ça prend l’appui de toute une communauté pour faire rayonner la culture, car celle-ci est vitale et aide au mieux-être ». Selon Marianne Mondon, agente de développement au CCE, le Gala est une occasion inestimable de « promotion pour faire état du dynamisme artistique et culturel de l’Estrie. »

L’Estrie, contrairement à la grande métropole ou à la capitale nationale, a des artisans de la culture qui n’ont peut-être pas la pression d’une création marchande et qui peuvent, au dire de la présidente du CCE, Mme Sylvie L. Bergeron, laisser libre cours « à l’exploration brute et candide ». « Nous avons un milieu qui n’est pas compétitif, ouvert sur les autres et avec une reconnaissance par les pairs… très soudé. » Plusieurs prix ont été remis lors du Gala du 13 novembre. Le Prix « Relève en musique émergente » a été remporté par le groupe sherbrookois Noem, qui a offert une interprétation de sa pièce « Ombres chinoises », toute en volupté. Le Prix de l’Association des Bibliothèques Publiques de l’Estrie (ABIPE) a été remis à la Ville de Magog pour l’aménagement de sa bibliothèque et l’utilisation de ses services. La majorité des artisans de ce succès ont été les employés de la Ville. De leur expertise est né ce résultat étonnant : une augmentation de la fréquentation de 37%.

Le Prix à la création artistique du Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) a quant à lui été décerné à M. Yves Boisvert, à qui Louis Hamelin, auteur de La Constellation de Lynx, a rendu un vibrant hommage. M. Boisvert, que Hamelin voit comme un digne successeur de Gaston Miron, a contribué selon lui à une « géographie réimaginée de notre territoire littéraire. » Entrée Libre a demandé à Louis Hamelin ce que c’était pour lui, écrire. « Écrire, c’est pour moi encore et toujours rêver d’un monde différent ».

Le récipiendaire du Prix à la création artistique du CALQ, Yves Boisvert (ci-haut en compagnie de Diane Gagnon), a signé, depuis 1973, plus d’une trentaine de publications, avec une « écriture engagée, intègre et sans compromis. » Lorsqu’on lui a annoncé au téléphone qu’il remportait le prix, il était incrédule. « Je n’ai pas vraiment compris! Après j’ai songé à payer des dettes de guerres idéologiques. D’autres guerriers vont continuer, des guerres qui ne seront peut-être pas idéologiques. » Ainsi, il encourage la relève à poursuivre, peu importe son chemin.

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