Appel à la grève internationale des femmes

Date : 12 mars 2017
| Chroniqueur.es : Marie-Danielle Larocque

En Argentine, un appel à la grève internationale des femmes le 8 mars a été lancé par #NiUnaMenos sur le réseau Twitter à la fin janvier. Nous ne sommes pas seules: restons mobilisées et solidaires des luttes féministes menées chaque jour autant ici qu’ailleurs! Défendons la parole des femmes, endossons et partageons cette déclaration* de grève!

Le 8 mars, la Terre tremble. Nous, les femmes dans le monde, nous nous organisons en une épreuve de force et en un cri commun: la Grève Internationale des femmes. Nous nous arrêtons. Nous faisons grève, nous nous organisons et nous nous rencontrons entre nous. Nous mettons en pratique le monde dans lequel nous désirons vivre.

#NousFaisonsLaGrève

Nous faisons grève pour dénoncer:

Que le capital exploite nos économies informelles, précaires et intermittentes.

Que les états-nations et le marché nous exploitent quand ils nous endettent.

Que les états criminalisent nos mouvements migratoires.

Que nous gagnons moins que les hommes et que la différence de salaire atteint en moyenne les 27%.

Qu’il ne soit pas reconnu que le travail domestique et de soin est un travail qui n’est pas rémunéré et qui rajoute au moins 3 heures à nos journées de travail.

Que cette violence économique augmente notre vulnérabilité face à la violence machiste, dont l’acte extrême est le féminicide.

Nous faisons grève pour réclamer le libre droit à l’avortement et pour qu’aucune ne soit obligée à la maternité.

Nous faisons grève pour rendre visible le fait que tant que le travail de soin ne sera pas une responsabilité de toute la société, nous serons obligées de reproduire l’exploitation de classe et coloniale entre femmes. Pour sortir travailler, nous dépendons d’autres femmes. Pour nous déplacer, nous dépendons d’autres femmes.

Nous faisons grève pour mettre en valeur le travail invisible que nous faisons: celui qui construit des réseaux, des soutiens et des stratégies de survie dans les contextes difficiles et de crise.

#NousNeSommesPasToutesLà

Nous faisons grève parce qu’il manque les victimes de féminicides, ces voix qui s’éteignent violemment au rythme terrifiant d’une par jour rien qu’en Argentine.

Il manque les lesbiennes et les trans assassinées par les crimes de haine.

Il manque les prisonnières politiques, les persécutées, les assassinées dans la lutte de défense de la terre et de ses ressources dans notre continent latino-américain.

Il manque les femmes incarcérées à cause des délits mineurs, ceux qui criminalisent des formes de survie, tandis que les crimes des multinationales et du narcotrafic demeurent impunis car ils bénéficient au Capital.

Il manque celles qui sont mortes et incarcérées pour avortement illégal.

Il manque les desaparecidas (disparues).

Face aux foyers qui deviennent un enfer, nous nous organisons entre nous pour nous défendre nous-mêmes et prendre soin de nous.

Face aux crimes machistes et à la pédagogie de la cruauté, face à la tentative des médias de nous victimiser et de nous terroriser, nous faisons du deuil individuel une consolation collective et de la rage une lutte partagée. Face à la cruauté, plus de féminisme.

#NousNousOrganisons

Nous nous rapproprions des outils de la grève, car nos demandes sont urgentes. Nous faisons de la grève des femmes une mesure ample et actualisée, capable de protéger les travailleuses et les chômeuses, celles qui sont sans salaire y celles qui touchent des allocations, les travailleuses indépendantes et les étudiantes, car nous sommes toutes des travailleuses. Nous faisons grève et nous organisons contre l’assignation à la sphère domestique, contre la maternité obligatoire et contre la compétition entre femmes: ce sont toutes des formes impulsées par le marché et le modèle de la famille patriarcale.

Nous nous organisons partout: dans les maisons, dans les rues, sur les postes de travail, dans les écoles, dans les marchés, dans les quartiers. La force de notre mouvement est dans les liens que nous tissons entre nous.

Nous nous organisons pour tout changer.

#L’InternationaleFéministe

Tissons un nouvel internationalisme. À partir des situations concrètes dans lesquelles nous plongeons, interprétons la conjoncture.

Nous voyons que face au nouvel essor du néo-conservatisme, ici et dans le monde entier, le mouvement des femmes émerge comme une puissance alternative.

Nous voyons que la nouvelle «chasse aux sorcières», qui maintenant persécute ce qui est appelé «l’idéologie du genre», cherche précisément à neutraliser notre force et à briser notre volonté.

Face aux multiples dépouillements, aux expropriations, aux guerres contemporaines dont la terre et le corps des femmes sont les territoires privilégiés de conquêtes, nous faisons corps unique politiquement et spirituellement.

#LeDésirNousMène

Parce que #NousNousVoulonsVivantesEtLibres, nous prenons le risque des alliances insolites.

Parce que nous nous réapproprions du temps et de la disponibilité pour nous-mêmes, nous faisons de l’être-ensemble un soulagement et un dialogue entre alliées, nous transformons les assemblées en manifestations, les manifestations en fête, la fête en un futur commun.

Parce que #NousSommesLàPourNousMêmes, ce 8 mars est le nouveau jour de notre nouvelle vie.

Parce que #LeDésirNousMène, 2017 est le temps de notre révolution!

#NiUnaMenos #VivasNosQueremos»

*Traduction de la déclaration publiée sur le site Marseille Infos Autonomes, relayée par le Collectif Emma Goldman et le Collectif Hamamélis.

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