Aux mauvais maux, les mauvais remèdes

Date : 8 avril 2012
| Chroniqueur.es : Mylène Clavreul
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Le Forum Jeunesse Estrie mettait en place récemment un fonds d’initiatives en participation citoyenne. Évidemment, on ne peut être contre la vertu. En ce sens, je lève mon chapeau à la pro activité du Forum jeunesse Estrie. Je ne peux voir que d’un bon oeil la détermination de ceux et celles qui ont à coeur l’encouragement de l’engagement social. Néanmoins, je me questionne sur la manière d’y parvenir.

C’est entre autres suite à un bilan triennal du Fonds régional d’investissement jeunesse (FRIJ) qui relevait le faible taux de représentation des jeunes Estriens âgés entre 12 et 21 ans que le Forum jeunesse Estrie a songé à la création d’un fonds d’initiatives en participation citoyenne. Ce fonds vise aussi la facilitation de l’accès au FRIJ pour ces jeunes, le tout guidé par l’objectif ultime de leur permettre de réaliser des projets innovateurs en matière d’action citoyenne.

Je me demande en fait si le faible taux de représentation des jeunes dont on parle peut s’expliquer de façon significative par un « blocage » financier. Est-ce qu’on ne serait pas en train d’appliquer aux mauvais maux, les mauvais remèdes?

Fondamentalement, d’autres enjeux sont susceptibles de mieux rendre compte de ce déficit de représentation chez les jeunes. La motivation inhérente à l’engagement social fait peut-être défaut. Je pense surtout à une motivation qui englobe volonté personnelle et motivation par l’éducation à la citoyenneté. Il faut comprendre que la motivation personnelle dépend elle-même, dans une certaine mesure, de l’environnement dans lequel elle est susceptible de se développer et les limites qui l’étouffent ne sont pas seulement d’ordre financier. Si les préoccupations monétaires précèdent d’autres types d’incitatifs, alors peut-être faudrait-il se questionner autrement par rapport à la participation citoyenne.

Bref, je ne suis pas d’avis que la participation citoyenne doive essentiellement se rapporter à des soucis financiers. L’argent est le levier qui peut permettre la mise en application des initiatives, mais encore faut-il que ces initiatives existent. Celles-ci doivent d’abord naître et ensuite pouvoir être reçues puis élaborées dans la sphère citoyenne avant de se voir financées.

Il s’avère donc clair que le problème de participation des jeunes ne doive pas se résumer à une simple question d’argent. C’est plutôt un problème qui nous renvoie à notre façon de concevoir l’engagement collectif et à la manière dont nous souhaitons le voir éclore chez les jeunes.

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