Je m’arrête au Couche-Tard pour mettre de l’essence dans ma Yaris qui commence à montrer des signes de fatigue. En allant payer mon dû à la caisse, je vois une copie de journal près du comptoir. Wow, une version papier du Devoir ! Elle me rappelle l’époque où, chaque samedi matin, j’allais m’acheter des croissants pour me mettre à la page de l’actualité en prenant un bon café. C’était un rituel sacré. Douce nostalgie.
Arrivé chez moi, j’avais déposé mon journal sur le coin de la commode de ma chambre. Trois mois plus tard, il s’y retrouve toujours, sans même que j’ai eu le temps de m’y arrêter. En couverture, Janette Bertrand, « Une femme dans l’histoire ». Je n’ai pas osé mettre le journal au recyclage. Il est donc empilé parmi d’autres vestiges laissés au milieu de mes encombrements.
Après quinze années au volant de ma voiture, j’entends de plus en plus les bruits du vieillissement. Ma Yaris devient un bazou. Mais les bruits des années se font insistants et me mettent face à l’évidence : je vais bientôt devoir changer de voiture. Puis il y a mon dos, dont les pentures lombaires grincent parfois comme de la ferraille lorsque je m’assois au plancher de mon char ordinaire.
J’ai donc entrepris le grand magasinage au milieu de cette gargantuesque industrie du char. Pour certains, c’est un moment stressant, voire excitant. Pour ma part, c’est plutôt confrontant. Sans plus. Mon enthousiasme pour les voitures n’y est pas.
Une voiture hybride ou électrique ? Voilà longtemps que ces technologies ne me bercent plus d’illusions avec leurs prétentions écologiques. C’est un grand mirage. Dans mes critères, je dois évidemment favoriser une voiture pour mon confort et mon dos. Alouette ! À ce niveau, les VUS sont pleins de promesses… mais je n’arrive pas à m’y faire. Ces fameuses voitures, plus grandes que nature, censées affronter les dangers de la route et surmonter toutes nos peurs.
Depuis que je me prête à l’exercice de l’achat d’un véhicule, je remarque, plus qu’avant, toutes ces marques qui défilent sur les routes. La tendance des VUS monopolise le paysage urbain. Et pour cause : ce sont les Américains qui dictent la donne. Justement, parce qu’ils sont le marché. Il faut croire qu’ils sont bien insécures, ces Américains. D’ailleurs, c’est plus souvent qu’autrement la sécurité qui fait vendre ces véhicules. Les marketeux sans scrupules n’hésitent pas à brandir des métaphores du danger ou de la fin du monde pour vanter leurs produits.
C’est tout de même ironique. C’est sécuritaire pour qui, croyez-vous ? Pour le conducteur, bien sûr. Pour les marcheurs, par contre, la visibilité est passablement réduite. Ces mastodontes font désormais beaucoup plus de victimes parmi les primates de la marche à pied.
Les véhicules sont donc de plus en plus imposants. Ils ressemblent à de véritables chars d’assaut. Il ne manque que les mitraillettes sur les toits pour nous défendre de ce monde hostile. Je tiens à vous rassurer : ça devrait arriver bientôt.