Renaturalisons notre ville ensemble

21 octobre 2025
Crédit image : Ultra Nan

Il y a des sujets qui s’imposent tout seuls, comme du chiendent dans une pelouse trop tondue. Celui de la renaturalisation en fait partie. Et il est grand temps de le laisser fleurir.

Quand la nature reprend ses droits

À Sherbrooke, à l’automne 2024, le comité environnement des AmiEs de la Terre de l’Estrie déposait un mémoire dans le cadre des consultations sur le futur plan d’urbanisme. L’une des revendications phares ? Remettre la nature à l’avant-scène. Pas seulement dans les parcs ou les affiches de campagne. Non, dans nos cours. On l’oublie, mais le gazon est à l’origine un caprice de la royauté. Ça boit, ça jaunit, ça se fane comme une rangée de fleurs annuelles plantées en rang d’oignons, et surtout, ça ne rend pas service à la nature. Ça n’absorbe pas les surplus d’eau, ça n’abrite aucune biodiversité locale et ça ne produit rien.

Pendant ce temps, en aout 2023, plus de 100 mm de pluie tombaient sur plusieurs régions du Québec. Les systèmes d’égouts débordaient, les routes s’effondraient et les assureurs comptaient plus de deux-milliards en réclamations. Les cols bleus étaient débordés. Il faut se rendre à l’évidence : le climat a déjà changé. Ce n’est pas un discours nihiliste : c’est ce qu’on vit, ici et maintenant.

Face à ce constat, la renaturalisation est une des réponses les plus simples, les plus sensées et les moins couteuses. Un sol vivant, riche en plantes indigènes, prairies fleuries, petits arbustes, arbres fruitiers, retient l’eau, tempère la chaleur, purifie l’air, nourrit les pollinisateurs. Et cerise sur la camomille : il calme les esprits. Parce que oui, vivre près de la nature, même en ville fait du bien à l’âme.

Des citoyens qui sèment le changement

Il y a une paix qu’on ne trouve pas entre deux rangées de bégonias tirées au cordeau. Il y a quelque chose de profondément humain dans le fait de regarder pousser une plante qu’on a mise en terre.

Heureusement, les temps changent, parfois pour le mieux, grâce à l’action d’irréductibles citoyens. Vous vous souvenez de ce couple de jardiniers à Drummondville qui s’était fait poursuivre par la ville pour avoir planté des légumes en façade ? Une décennie plus tard, on voit fleurir des gazons de pissenlits, des pancartes « ne tondez pas, c’est pour les abeilles » et des citoyens et citoyennes qui attendent volontairement la première tonte de juin. Rien de moins !

Les fameux gazons uniformes de Louis IX et des terrains de golf sont de moins en moins la norme. À moins de vivre dans une cloche de verre, on pourrait dire qu’ils sont de mauvais gout, voire dépassés. Aujourd’hui, on laisse place à la richesse des espèces : plantes indigènes ou comestibles, parfois avec des propriétés curatives, herbes cultivores, arbustes et arbres pour s’y reposer à l’ombre et mieux climatiser sa maison.

Pourquoi ne pas aller plus loin? Imaginez si la Ville de Sherbrooke réutilisait ses serres municipales, qu’on songeait à fermer, pour produire des vivaces indigènes et les offrir aux citoyens. Imaginez si les serres devenaient le cœur végétal de cette transition. Des organisations comme Action Saint-François ou RÊVE Nourricier pourraient former les citoyens, encadrer des corvées de plantation, transmettre leur savoir-faire.

Pas besoin de consultants hors de prix. Pas besoin d’attendre qu’un budget faramineux soit approuvé. C’est ici, sur notre sol, dans notre ruelle, que ça commence. Posons la question aux candidats et aux candidates. En cette période d’élections municipales, il est légitime de demander aux futur·e·s élu·e·s de choisir leur camp.

Le camp du gazon, de la tondeuse, de la clim murale et de l’asphalte ? Ou le camp de la forêt urbaine, de la résilience climatique et des quartiers vivants ? La renaturalisation, ce n’est pas un caprice de bobo écolo. C’est une stratégie climatique, une réponse sanitaire, une idée simple et mobilisatrice. Elle ne demande qu’un peu de courage politique et beaucoup de volonté citoyenne.

Aux arbres, citoyens. C’est à nous de faire fleurir la suite.

 

 

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