Hôtel de ville : Sherbrooke, Ville amie des haineux ?

Date : 23 novembre 2023
| Chroniqueur.es : Denis Pellerin
Catégories :

Il y a un an, nous avons vu apparaître un groupe Facebook qui annonce que « Un des points que bien des membres ici ont en commun c’est que nous détestons Beaudin et ce qu’elle représente ».

Qu’est-ce qui amène des gens à se réunir pour haïr des élu·e·s ? Jusqu’à créer un groupe Facebook pour y propager des insultes. Pas pour y partager des informations, des opinions : plutôt pour partager leur haine et leur mépris. Intimider. Surtout des élu(e)s : connard/connasse, imbécile, incompétent(e), woke … tout y passe. Même des menaces à l’occasion.

Plusieurs de ceux-ci ont été bloqués sur d’autres groupes pour des raisons évidentes.

Et si quelqu’un se rebiffe, il est aussitôt traité de « Sherbrooke citoyen » (je cite : « un parti politique extrémiste qui détruit notre économie pour sauver un arbre »), de marxiste-léniniste, de ‘communisss’ comme au temps du maccarthysme des années ’50 ! Comme si c’était des synonymes. Et il disparaît. Volontairement ou non.

Mon nom y apparaît souvent. Après 15 ans à assister aux séances du Conseil municipal, on ne se fait pas que des ami(e)s. On s’habitue mais cette haine viscérale m’étonne encore.

(Précision : je ne suis pas membre du parti Sherbrooke citoyen. Et ne le deviendrai très probablement pas pour les quelques années qui me restent à suivre la politique municipale. Je suis d’accord avec certaines de leurs actions/idées et contre d’autres.)

Même des élues

Eh oui ! Même des élues sont membres de ce groupe. Depuis le début. Et le suivent encore. Elles n’interviennent que peu ou pas. D’autres élu(e)s, fonctionnaires et citoyen(ne)s les lisent, effaré(e)s par tant de haine. D’autres savent mais s’abstiennent. « Pas besoin de ça dans ma vie ! »

Quand j’ai confronté lesdites élues au Conseil municipal du 7 novembre : aucun regret, aucune excuse.

« Je suis membre de plusieurs groupes » comme si d’appartenir à un groupe de haineux c’était comme le Club des petites déjeuners ».

« Ça fait partie de notre tâche de nous informer. » Pourquoi : pour dénoncer ou glousser ?

« Je ne crois même pas que je suis membre de ce groupe-là. » Si je sais : vous savez. Et je sais que vous savez.

« Vous savez comme élu(e)s, des insultes on en reçoit à tous les jours. » votre objectif est-il d’en faire une épidémie ?

Pandore

La haine, le mépris, l’intimidation ou sa version répétitive le harcèlement, l’un menant à l’autre, c’est une boite de Pandore : une fois ouverte, il est bien difficile de la refermer. Et bien difficile de déterminer quelles conséquences néfastes il va en résulter quand « les maléfices » du mythe s’en seront échappés.

Pour que la cyberintimidation s’arrête, il faut que les témoins dénoncent les intimidateurs. Pas uniquement la victime : ça pourrait être pire.

Même un enfant peut comprendre

La Commission Scolaire de la Région Sherbrookoise (devenue le Centre de Service) avait produit un guide à cet effet il y a quelques années pour les élèves du primaire. On y expliquait le rôle primordial des témoins dans la cyberintimidation :

Que faire si tu es témoin de cyberintimidation ? 

  • RÉAGIS quand tu vois des camarades en intimider d’autres. 
  • ROTESTE chaque fois que tu en es témoin. Si tu protestes, tu peux faire en sorte que ça s’arrête. 
  • REFUSE toujours de transférer ou d’envoyer une image, une vidéo ou un message insultant pour quelqu’un. 
  • SAUVEGARDE les messages d’intimidation que tu vois pour les garder comme preuves. 
  • RAPPORTE les incidents à un adulte de confiance quand tu en es témoin. 
  • SIGNALE l’intimidation à un adulte de confiance si elle inclut des menaces que tu juges dangereuses et sérieuses (celui-ci décidera si vous devez signaler la situation à la police). 

Source : Plan de lutte contre la violence et l’intimidation à l’école (Protocole d’intervention)

La haine n’est pas une opinion

Entretenir la haine, ne pas la dénoncer, c’est se faire complice de cette intimidation.

Et comme j’ai déjà dû l’écrire à plusieurs reprises dans un contexte politique, notamment dans la campagne électorale de 2017 :

« L’intimidation et le harcèlement
Il faut les dénoncer
Chaque fois, toutes les fois
De toutes ses forces
Ne JAMAIS se taire
Ne JAMAIS baisser les bras
L’intimidation et le harcèlement, [il faut que] ça s’arrête ICI. 

La prochaine fois que vous rencontrerez votre élu·e, rappelez-lui de dénoncer, s.v.p.

Partagez :

facebook icontwitter iconfacebook icon