Jouer la game

Date : 21 septembre 2018
| Chroniqueur.es : Jean-Benoît Baron
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Depuis quelques années, l’industrie des jeux vidéo et du cinéma partagent plusieurs familiarités. Ne serait-ce que par le réalisme qui ne cesse d’augmenter dans les mondes virtuels que nous offrent les jeux vidéo, comparativement aux effets spéciaux par ordinateur du cinéma, il devient de plus en plus difficile de déterminer lequel provient duquel. Aujourd’hui, l’industrie des jeux vidéo a dépassé celle du cinéma. Le réalisateur sherbrookois d’origine, Jean-Simon Chartier, s’est intéressé à ce phénomène, en suivant pendant plus de 4 ans, une équipe travaillant sur le développement d’un projet de jeu vidéo, qui allait devenir plus tard le très populaire For Honor. Son documentaire s’intitule : Playing Hard – Quand le jeu devient réalité.

Établi à Montréal depuis quelques années, le réalisateur Jean-Simon Chartier a fondé sa propre boîte de production, qui se nomme MC2. Ses bureaux se trouvent en plein milieu du quartier névralgique des studios d’Ubisoft, un des plus grands studios et des plus réputés de développement de jeux vidéo au monde. Ubisoft est derrière la création de jeux devenus classiques internationalement comme Rayman, Far Cry et Assasin’s Creed, pour ne nommer que ceux-ci. Ces titres, tout comme pour l’industrie du film, sont devenus des franchises et ont connu plusieurs suites à succès. Développer un nouveau titre est donc quelque chose de très risqué financièrement parlant si le jeu devient un échec lors de sa sortie. Chartier a entendu parler du développement de ce nouveau projet qui était en branle et a décidé de venir documenter le tout. N’entre pas qui veut, par contre, dans ces studios aux secrets hautement gardés. La confiance a dû s’établir peu à peu, afin que l’équipe puisse permettre au réalisateur de venir capter les images de ce qui allait devenir le nouveau succès d’Ubisoft. À un certain moment, malgré que Jean-Simon Chartier était le bienvenu dans les studios et qu’il avait rempli tous les documents de confidentialité, il s’est fait montrer la porte momentanément au bout de six mois, mettant l’avenir du documentaire en péril. Au bout d’un moment, l’équipe a permis au réalisateur de revenir dans les studios, afin de continuer sa documentation.

Derrière tout projet se trouvent avant tout des êtres humains. Chartier n’a pas voulu dépeindre un documentaire sur le jeu For Honor comme tel, bien que son film soit une belle carte de visite pour le jeu, mais plutôt de raconter une histoire sur les artisans derrière ce projet. Il y a d’abord l’équipe de développement, qui compte plus de 3000 individus, il y a également Stéphane Cardin, producteur de For Honor, suivi de Yannis Mallat, PDG d’Ubisoft Montréal et Luc Duhaine, directeur de marque. Celui qui à mon avis est le plus intéressant de l’histoire, c’est l’homme, voire le personnage qu’est Jason VandenBerghe, le directeur créatif, le créateur du jeu For Honor. Sorte de chevalier des temps modernes, VandenBerghe est un être dont vous tomberez sous le charme en voyant le documentaire, si vous ne le connaissez pas déjà.

Deux ans auparavant, lors de l’annonce de la sortie du jeu au E3 (L’Electronic Entertainment Expo), un des plus grands salons internationaux du jeu vidéo au monde, c’est à ce moment que tout est devenu bien réel pour l’équipe de production et c’est là également que les moments les plus stressants se sont fait sentir. C’est à ce moment que la pression est à son plus fort et que les limites de l’humain derrière le projet sont mises à test. Il faut comprendre que sortir un jeu vidéo, dans l’état actuel de notre industrie, c’est comme aller à la guerre, il y aura des victimes et des dommages collatéraux et le courage sera mis à l’épreuve. Chartier l’a bien compris, mélangeant les images de guerre de For Honor, avec celles de la réalité du studio de développement. Un parallèle brillamment exécuté. Au-delà du jeu, de son accouchement, Chartier a conçu un film axé sur l’humain et ses conflits intérieurs.

Au final, on se retrouve devant un documentaire qui se rapproche davantage du cinéma de fiction, que du documentaire traditionnel, de par son montage hautement cinématographique. Les prises de vues aériennes de Jason VandenBerghe, marchant dans des territoires vierges de la nature, sont d’une beauté exceptionnelle. Chartier a voulu créer un documentaire qui pourrait attirer plus de gens, moins habitués avec le genre, de par sa facture visuelle entre autres. Comme Chartier nous le disait en entrevue : « Je crois que les gens vont se reconnaître dans le film, car nous sommes tous pour la plupart des pères de famille, des conjoints, des amis et nous vivons tous des conflits intérieurs. »

Le 25 septembre prochain, dès 18 h, La Maison du Cinéma, en partenariat avec La Console qui console, organise une soirée toute spéciale où vous aurez la possibilité de jouer à des jeux sur grand écran, dont For Honor et vous aurez également la chance de rencontrer le réalisateur derrière le film Playing Hard – Quand le jeu devient réalité, Jean-Simon Chartier. En plus de vous y amuser, les fonds seront amassés pour entre autres, Leucan Estrie.

Pour de plus amples renseignements ou pour l’achat de billets, visitez le site web de la Maison du Cinéma au http://lamaisonducinema.com/ ou téléphonez au 819 566-0991.

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