Le retour de Bossuet, partie 3

Date : 27 avril 2020
| Chroniqueur.es : Yannick Pivin
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Le soir même où Solomon commençait à pénétrer les arcanes des épistolaires reliques du dit saint Pierre l’explorateur, un bris de verre retenti dans la nuit. Une des fenêtres du local d’encan venait d’être brisée.

– Nous avons moins de 5 minutes avant que la police ne débarque ! Pendant que je cherche dans sa filière, foutez le bordel dans le bureau et si vous trouvez de l’argent prenez-le !

Tout dans le bureau fut retourné, les tiroirs vidés et jetés à terre. Le sol était jonché de documents, d’objets divers et les quelques tableaux aux murs et autres plantes vertes subirent aussi le courroux des cambrioleurs. Quand soudainement, deux petits flashs éclairèrent la scène du crime en cours.
– J’ai ce qu’il nous faut, partons !

Dans un dernier élan de vandalisme, un coup de talon fut donné dans l’écran de l’ordinateur rendu à terre.
– Ça, c’est pour la « p’tite madame », vieux con !

La police arriva bien en moins de cinq minutes grâce à l’alarme silencieuse installée dans le bureau. Mais le mal était fait, et les criminels avaient disparu. Après avoir sécurisé les lieux, le boss de l’encan arriva après l’appel de la police, tout laissait croire que c’était bel et bien un cambriolage basique ou uniquement de l’argent et des choses précieuses étaient recherchés. Il y avait bien des caméras, mais elles avaient été toutes masquées avec de la peinture, laissant pour seul indice, les images furtives d’un trio entièrement camouflé. Le patron fit un inventaire rapide de ce qui avait été volé. À première vue, une soixantaine de dollars qui trainaient dans un tiroir, une vieille montre sans valeur et deux trousseaux de clés furent l’unique butin des malfrats. Le premier avis des policiers sur ce maigre butin était que les trois individus avaient été dérangés par quelque chose pour partir si vite sans se faire repérer, car même le petit coffre-fort présent dans le bureau était demeuré parfaitement intact.

À quelques kilomètres de là, une berline noire filait le long de la rivière, avant de se stationner un court instant au bord de la berge. Un solide gaillard en sortit et jeta dans la Saint-Francois, les trousseaux de clés et la montre, puis remonta dans l’auto.
– Où allons-nous maintenant, madame ?
La femme était en train de regarder l’écran de son smartphone qui affichait les deux photos qu’elle avait prises auparavant.
– Messieurs, demain nous irons rendre visite à nos deux acheteurs. J’ai ici une madame Silvie Morin-Blais pour le lot 64, et pour le 139 un certain Solomon Roberge. Pour ce soir, c’est presque terminé. On va rentrer, mais avant, nous allons faire un petit détour.

Quelques minutes plus tard, dans une petite rue de Sherbrooke, la berline s’arrêta de nouveau, l’instigatrice de ces évènements nocturnes ouvrit sa fenêtre et glissa une petite enveloppe dans une boite aux lettres. Puis l’auto s’évanouit de nouveau
dans la nuit.

Le lendemain en fin de matinée, Maïtena qui partageait son temps entre un travail à temps partiel et ses études prenait son habituel cappuccino au bureau. Elle s’occupait trois fois par semaine de l’accueil et de l’administration d’un petit centre communautaire dédié aux personnes réfugiées. Ce jour-là, dans la pile de courrier qu’elle avait récupéré, elle trouva une petite enveloppe vierge dans laquelle se trouvait soixante dollars et un message rédigé sur un petit papier cartonné :
« Ceci est le don d’une personne qui n’en aurait jamais fait » suivi d’un cœur rouge dessiné avec un style très particulier. Étrangement, ce petit morceau de carton perturba Maïtena jusque dans ses chaires. Mais pourquoi ?

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