Les poupées russes du désastre

Date : 23 janvier 2018
| Chroniqueur.es : Jean-Benoît Baron
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Le film The Room est considéré par les cinéphiles comme le pire film du cinéma des dernières années. Sorti en 2003, le film, qui se voulait à la base comme un drame déchirant, est vite devenu risible, totalement dépourvu de sens et a vite fait de Tommy Wiseau, le nouvel Ed Wood de ce monde.

Wiseau est le producteur, réalisateur et acteur de cet énorme navet. Depuis, il est louangé par les amateurs de séries B et autres films ratés. Le film est devenu culte et circule encore aujourd’hui dans les festivals et autres événements. En 2013, un livre a été écrit par l’un des acteurs du film The Room, sur les détails troublants entourant la genèse et la production de ce même film, The Disaster Artist. Le livre vient tout juste d’être adapté au cinéma sous le même nom.

The Disaster Artist met en vedette James Franco (127 heures) dans le rôle de Tommy/Johnny et c’est également lui qui réalise le film. Il est accompagné par son frère Dave Franco (Insaisissable) dans le rôle de son meilleur ami Greg/Mark. D’autres acteurs de renom sont également présents au générique dont Seth Rogen, Ari Graynor, Zac Efron, Josh Hutcherson et Sharon Stone.

Cette histoire de poupées russes, c’est-à-dire du film basé sur un livre, qui lui est basé sur un film est franchement divertissante. Il rappelle un peu Sauvons M. Banks, l’histoire déchirante derrière l’adaptation cinématographique de Mary Poppins par Walt Disney. Qu’on connaisse ou pas The Room, l’histoire est totalement délirante et réellement amusante. The Disaster Artist nous donne le goût de voir ou revoir cet ovni cinématographique qu’est The Room. Comme cette histoire est basée sur des faits réels, ce n’est pas tant au niveau scénaristique qu’elle mérite les éloges, mais bien au niveau du jeu. Pour pouvoir jouer faux, comme les acteurs du film original, il faut être en pleine maîtrise de son jeu. Le défi est relevé avec brio et surtout par James Franco qui est en transe dans la peau de Wiseau. D’ailleurs, question de compliquer l’histoire davantage, il est intéressant de s’attarder à l’envers du décor de The Disaster Artist. Franco est toujours demeuré dans la peau de Wiseau, même entre les prises du tournage, alors qu’il dirigeait son équipe et tout ça, dans les mêmes décors reconstitués du film The Room, de quoi donner mal à la tête aux techniciens. Wiseau a également approuvé 99,9 % du film, à l’exception de la première scène, qu’il trouvait mal éclairée. Plus tard, Franco a expliqué que Wiseau avait débuté le visionnement du film avec ses verres fumés (devenu la marque de commerce de ce dernier) devant les yeux. Autre fait intéressant, dans le livre The Disaster Artist, il était mentionné que si l’histoire devait être éventuellement adaptée au cinéma, c’est James Franco qui était souhaité par Wiseau, pour jouer son rôle.

Parlons également de la bande sonore qui est contagieusement dansante, avec ses succès viraux comme Never Gonna Give You Up, Good Vibrations ou encore Rhythm of the Night. Mention spéciale également aux scènes juxtaposées une à l’autre, entre The Room et The Disaster Artist, qui apparaissent au générique et qui viennent nous rappeler l’effort de reconstitution de l’équipe, devant le vrai du faux. Un film à voir, pour comprendre l’envers du décor, pour voir qu’il y a toujours pire que soi ou tout simplement pour rire un bon coup!

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