Critiques littéraitres du mois de juin

Date : 8 avril 2012
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Comme il l’avait fait dans La Paresse (La Pastèque), le bédéiste Pascal Girard se met en scène dans cette savoureuse histoire de retrouvailles. Son personnage est on ne peut plus pathétique dans le rôle du gars qui décide de maigrir pour être certain de plaire à son ancienne flamme du secondaire, le tout au vu et au su de sa blonde. Loser fini, on ne le prend pourtant pas en pitié, même lorsqu’il atteint les bas-fonds de la honte.

Conventum, Pascal Girard, Shampoing, 2011

Claude Dostie Jr

En 1962, un Montréalais se rend au Chicago Stadium afin de subtiliser la Coupe Stanley. L’audacieuse tentative de vol, bien sûr, échoue; mais c’est autour de cette anecdote véridique que Michel Laprise, journaliste et présentateur à RDS, échafaude l’intrigue de son premier roman.

Court, léger, mais surtout captivant, Le vol de la Coupe Stanley allie la fiction à la réalité, puisqu’il est truffé d’épisodes marquants du hockey des années soixante. Nul besoin d’être amateur de ce sport national pour en découvrir ou en revivre la belle époque, à travers les truculentes tribulations des personnages principaux.

Le vol de la Coupe Stanley, Michel Laprise, Les Éditions Châteaufort, 2011.

Gabrielle Gagnon

S’il est une société qui n’a pas fini de faire parler d’elle, c’est bien la société égyptienne, alors que la révolution arabe a pris tout le monde par surprise cet hiver. Quoi de mieux que de profiter de l’essor du roman arabe pour y comprendre quelque chose?

Dans L’immeuble Yacoubian, Alaa El-Aswany ne fait pas qu’illustrer la misère ou la corruption qui sont à l’origine de la colère des jeunes. Il nous les fait vivre à travers une galerie de personnages qui habitent à la même adresse, tous différents et vraisemblables. Alors qu’un jeune homme se fait emporter par l’islamisme et l’idéal de djihad, sa petite amie cède à la tentation d’user de ses charmes pour garder la tête hors de l’eau. Un vieil homme vit dans le passé, un autre retrouve la jeunesse malgré lui et tout ce qu’elle comporte de désillusions.

Ce qu’on retient le plus de ce portrait exotique, c’est sa diversité. Dans ce qu’ils sont et ce qu’ils deviennent, les habitants de l’immeuble Yacoubian forment une mosaïque complexe et vivante, avec son lot de ras-le-bol et d’espoir.

L’immeuble Yacoubian, Alaa El-Aswany, Actes Sud, 2005.

Dominique Scali

Premier livre de Valérie Carreau, La huitième gorgée constitue un bijou de recueil choral. Les dix nouvelles qui le composent dépeignent le quotidien en apparence banal de femmes en quête de la huitième gorgée, celle de trop, mais que toujours elles se meurent d’avaler. En attendant, elles pensent tout haut mais disent tout bas. Seules à seules avec leurs tourments, ces mères, grand-mères, conjointes, amies, amantes, tour à tour, éprouvent diverses émotions de peur, de déni et de douleur face aux situations qu’elles rencontrent.

Il en résulte une galerie de malaises en portraits, à la fois brefs, émouvants et tortueux. Cette huitième gorgée se savoure rapidement jusqu’à la lie.

La huitième gorgée, Valérie Carreau, Marchand de feuilles, 2010.

Gabrielle Gagnon

Ce qui frappe en voyant la couverture du cinquième recueil de Suzanne Myre, c’est ce taureau rouge en guise de dégât sur une robe fleurie. Percutantes, les treize nouvelles de Mises à mort ont pour trame des drames de deuil, d’abandon, de solitude et de désir.

Contrairement à ceux de La huitième gorgée de Valérie Carreau, les personnages de Suzanne Myre sont autant féminins que masculins. « Moi, j’aime bien que les choses se terminent », d’expliquer l’auteure à propos de ces insolites et insolentes mises à mort.

Nouvelliste reconnue, Myre s’est distinguée notamment à titre de lauréate du Grand prix littéraire Radio-Canada et du Prix Adrienne-Choquette.

Mises à mort, Suzanne Myre, Marchand de feuilles, 2007.

Gabrielle Gagnon

Il s’appelle Jean-Claude Romand et a déjà été un citoyen modèle, père de famille quelconque, médecin à l’Organisation mondiale de la Santé. Aujourd’hui, il est en prison à perpétuité pour avoir tué sa femme et ses enfants avant de tenter de s’enlever la vie.

Cela vous rappelle-t-il quelqu’un?

Mais il y a une différence majeure entre les deux hommes: contrairement à Guy Turcotte, dont le drame couvre les pages de nos quotidiens depuis plus d’un an, Jean-Claude Romand n’était pas réellement médecin, ni rien d’autre d’ailleurs. Il a passé sa vie à mentir à sa famille et à ses amis, et ce, tous les jours pendant dix-huit ans.

Comment un homme ordinaire, qui a vécu une enfance imparfaite mais sans traumatisme spectaculaire, peut-il être à l’origine d’une tragédie aussi horrible? Emmanuel Carrère tente d’y répondre avec simplicité et sincérité. Le livre se dévore rapidement, car ce qui est le plus troublant dans ce genre de faits divers, ce n’est pas que la réalité dépasse la fiction. C’est que ces drames se répètent sans cesse.

L’Adversaire, Emmanuel Carrère, P.O.L., 2000.

Dominique Scali

Après des perles comme Paul à la pêche ou Paul a un travail d’été, Michel Rabagliati se surpasse dans Paul à Québec avec une touchante histoire sur la mort, entrecoupée (évidemment) de flashbacks et de petites tranches de vie qui nous plongent souvent dans une douce nostalgie. On rit, on pleure. Et on s’en veut d’avoir déjà lu tous les autres Paul! Quelle chance pour les non-initiés!

Paul à Québec, Michel Rabagliati, La Pastèque, 2009.

Claude Dostie Jr

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