Le combat des chaînes généralistes

1 août 2008

Le dossier TQS-Remstar a fait réagir les milieux journalistiques et syndicaux, de même qu’une large partie de la population préoccupée par la qualité et la diversité de l’information régionale.
Devant le manque de rentabilité et le déficit accumulé de TQS, Remstar (le nouveau propriétaire) a choisi comme ultime solution de sabrer dans le service des nouvelles du Mouton noir.
Plus largement, il ne s’agit pas d’un cas isolé, mais d’une redéfinition du rôle de la télé généraliste dans son ensemble (telles que TQS, TVA, Radio-Canada).

Les enjeux de la télé d’aujourd’hui

Des données recueillies par le CRTC et compilées par le Service de recherche de Radio-Canada permettent de dégager trois constats reflétant les enjeux de la télé d’aujourd’hui.

Premier constat : malgré l’émergence des nouvelles technologies, la popularité du petit écran s’est accrue, passant d’une moyenne de 23 heures d’écoute par semaine à 29 heures sur une période de 12 ans (voir tableau ci-dessous).

Deuxième constat : les effets pervers de la concentration des médias dans les mains de quelques groupes imposants se sont fait sentir chez les chaînes payantes, entraînant un manque de diversification. Par contre, la multiplication des chaînes spécialisées a permis de détourner l’attention des Canadiens des chaînes américaines. Chez les francophones, la part d’auditoire est passée de 14,4 % (1995-1996) à 5,7 % (2006-2007). Chez les anglophones, elle est passée de 23 % à 10 %. Bien que les chaînes locales diffusent un certain nombre d’émissions américaines, on peut se réconforter par le fait que les revenus publicitaires demeurent au pays.

Par ailleurs, l’évolution des parts d’auditoire révèle une légère chute au niveau de l’écoute des chaînes généralistes, alors que les chaînes spécialisées ont été en forte croissance de 1995-1996 à 2006-2007, tant chez les francophones (16,3 % à 39 %) que chez les anglophones (24,2 % à 54,2 %).

Troisième constat : l’ensemble des télés payantes encaisse près de la moitié des revenus totaux de la télé. Au Québec, les revenus proviennent en majorité des abonnements (63 %). Les revenus de publicité ont connu une hausse de 105 millions de dollars sur dix ans (de 20 à 125 millions), totalisant 30 % du revenu total. Du côté des chaînes généralistes, la croissance est moins importante, soit de 376 à 450 millions de revenus publicitaires sur dix ans. L’évolution de ces revenus correspond à peu près à l’inflation (croissance de 19,7 % sur dix ans).

Les chaînes généralistes à bout de souffle

Ces données portent à croire que le combat des chaînes généralistes n’est pas terminé. Après les déboires du Mouton noir, qui a déjà obtenu une part d’auditoire de 14 % en 2004, TVA et Radio-Canada sauront-elles faire le poids ? La question reste entière, et la réponse demeure politique et financière…

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