Moi pauvre ? Jamais !

1 août 2008

Dressons un rapide portrait de la réalité étudiante. Un·e étudiant·e est locataire, travaille à temps partiel dans des emplois atypiques ou saisonniers (souvent au salaire minimum), cumule des dettes, vit avec du crédit, n’est pas syndiqué·e et a rarement droit aux couvertures sociales. C’est aussi la réalité d’une majorité de jeunes qui ne sont pas aux études. En fait, c’est la réalité d’une part toujours grandissante (malheureusement) de la population. C’est une réalité de seconde main, de frigo vide, de fin de mois difficile et de casse-tête. Elle est aussi parfois un symbole rayonnant d’entraide, de simplicité et d’humilité. Il ne faut ni la nier ni la craindre. Il faut lutter contre (et pas contre les pauvres) et y trouver des solutions collectives.

Pourquoi ? Parce que la pauvreté n’est pas volontaire. Elle est la conséquence directe d’une mauvaise répartition des richesses et des pouvoirs tant locaux que mondiaux. Il faut agir car la pauvreté n’est pas temporaire. Elle se reproduit dans les inégalités sociales que perpétue l’accumulation de ces richesses et de ces pouvoirs.

50 % pauvres !

Cinquante % des étudiant·e·s vivent sous le seuil de la pauvreté. Cet état de fait a des racines et des fondements qui se doivent d’être mis en lumière et changés. La prédominance des prêts étudiants sur les bourses, le dégel des frais de scolarité et l’augmentation des frais afférents (de même que leur existence propre) sont les éléments centraux qui créent cette pauvreté. Le comité de l’Organisation des Nations unies (ONU), chargé de l’application du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), a reproché au Canada et à ses provinces les frais en vigueur, les accusant de créer une discrimination envers les personnes à revenus modestes en augmentant les frais d’études. Pendant qu’un gouvernement annonce des milliards de surplus, et que le gouvernement Charest applique des baisses d’impôts, nous ne pouvons que rester très insatisfaits et mécontents de leur travail en matière d’éducation. Ce gouvernement, fier de sa loi de lutte à la pauvreté, se doit d’appliquer des mesures efficientes selon ses moyens. Et des moyens, il n’en manque pas. De plus, même si les baisses d’impôts profiteraient aux moins nantis, elles ne peuvent constituer un geste politique responsable en matière de lutte à la pauvreté puisque cela ne fait que restreindre le pouvoir d’agir de l’État sur les causes, qui sont d’ordres sociaux et politiques, de cette pauvreté.

Bon hier, rejeté aujourd’hui

Un gouvernement conséquent face à ses politiques sociales et soucieux du bien-être de sa population se réjouirait que des organisations sociales, telles vos associations étudiantes, fassent la promotion de mesures qui ont comme perspective de mettre fin à l’enracinement de la pauvreté.Aucun gouvernement ne devrait traiter avec cynisme la lucidité d’une jeunesse qui a le courage d’affirmer — ou plutôt de réaffirmer — le rôle essentiel que jouerait un système d’éducation universel.Il est désolant le cynisme qu’est accueillie la participation d’une jeunesse qui démontre, de par sa préoccupation sociale, l’importance de conserver un tel système à la hauteur de ce qu’il fut rêvé.Il a formé les nombreux êtres engagés et réfléchis que vous êtes et qui seront prêts à relever les défis des années à venir.

« Les bénéfices de l’éducation dépassent l’individu et la localité. Le progrès de l’enseignement sert principalement les intérêts généraux de la société. »
— tiré du rapport Parent

Le rapport Parent (1964) est un document qui a fait état de la situation de l’éducation dans les années 1960. Son influence a marqué le Québec en créant le ministère de l’Éducation, en remplaçant les collèges par des Collèges d’enseignement général et professionnel (CEGEP), en ajoutant les maternelles aux écoles primaires, en établissant la scolarisation obligatoire jusqu’à 16 ans et en facilitant l’accessibilité aux universités.

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